Critiquer pour exister : La stratégie risquée de Mamoudou Ibra Kane - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 19/11/2025 03:11:30

Critiquer pour exister : La stratégie risquée de Mamoudou Ibra Kane

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Mamoudou Ibra Kane, leader du mouvement « Demain, c’est Maintenant », a vivement critiqué la décision du Premier ministre Ousmane Sonko de prendre des congés en pleine session budgétaire, y voyant un « manque de respect notoire vis-à-vis du peuple sénégalais » et une « désertion » déguisée. Si ses propos ont suscité l’attention, une analyse plus approfondie révèle qu’ils s’inscrivent dans une logique d’opposition systématique, plus soucieuse de discréditer le pouvoir en place que de proposer des alternatives constructives pour le Sénégal.

Mamoudou Ibra Kane n’est pas un nouveau venu sur la scène politique sénégalaise. Ancien journaliste, il a progressivement basculé vers l’engagement politique, se présentant comme une voix critique des régimes successifs. Pourtant, ses prises de position passées montrent une certaine incohérence. Sous les gouvernements de Wade et de Macky Sall, il a souvent adopté un ton mesuré, voire complaisant, avant de se radicaliser avec l’arrivée au pouvoir de la coalition PASTEF.

Aujourd’hui, ses attaques contre Ousmane Sonko semblent moins motivées par une réelle préoccupation pour l’intérêt général que par une stratégie personnelle de positionnement politique. En effet, depuis la défaite de son allié Amadou Ba à la présidentielle de 2024, Kane cherche à se réinventer comme le fer de lance d’une opposition intransigeante, quitte à tomber dans l’exagération et l’opportunisme.

Kane reproche à Sonko de prendre des congés pendant une période cruciale pour le pays. Pourtant, il omet de souligner que le Premier ministre a justifié cette absence par des raisons de santé, tout en maintenant une activité politique, comme en témoigne son meeting du 8 novembre. Plus révélateur encore, Kane lui-même a salué, il y a quelques mois, les efforts du gouvernement dans le cadre du Plan de redressement économique, reconnaissant une « évolution dans le discours du Premier ministre, jugé plus posé et constructif ». Cette contradiction souligne le caractère sélectif de ses critiques : il dénonce aujourd’hui ce qu’il a pu excuser hier, selon que cela sert ou dessert ses ambitions.

De plus, ses accusations de « manque de transparence » et de « confiscation des libertés » sonnent faux au regard de son propre parcours. En 2025, il a appelé à l’union de l’opposition pour faire face au gouvernement, tout en multipliant les déclarations alarmistes sur un risque de « révolte populaire », des propos qui relèvent davantage de la provocation que de l’analyse sérieuse. Son opposition semble moins fondée sur des principes que sur une volonté de se maintenir dans l’actualité, quitte à instrumentaliser les réseaux sociaux pour amplifier ses attaques.

L’attitude de Mamoudou Ibra Kane illustre les dangers d’une opposition qui se contente de critiquer sans proposer. Comme le soulignent les théoriciens de la science politique, une opposition constructive doit offrir des alternatives et participer au débat démocratique, plutôt que de se limiter à une posture de rejet systématique. En Afrique, des exemples comme celui du Burkina Faso sous Blaise Compaoré ou de la Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo montrent que l’opposition purement destructrice affaiblit les institutions et polarise la société, sans apporter de solutions aux défis réels des citoyens.

Face à des enjeux majeurs, crise économique, chômage des jeunes, réformes institutionnelles, le Sénégal a besoin d’une opposition qui assume pleinement son rôle : contrôler, proposer et dialoguer. Mamoudou Ibra Kane, en préférant les invectives aux idées, contribue à appauvrir le débat public. Ses critiques contre Sonko, souvent exagérées et peu étayées, révèlent moins une volonté de servir le pays qu’un calcul politique personnel.

Il faut que les figures de l’opposition, à commencer par Mamoudou Ibra Kane, cessent de jouer les donneurs de leçons et s’engagent dans une démarche plus responsable. Le Sénégal mérite mieux qu’une opposition de principe : il mérite une opposition qui construit, qui propose et qui assume ses responsabilités. Sinon, à force de crier au scandale pour tout et rien, elles risquent de perdre toute crédibilité aux yeux des citoyens et de laisser le champ libre à ceux qu’elles prétendent combattre.

Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Salimata G.
Mis en ligne : 19/10/2025

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