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L’enquête nationale sur les violences faites aux femmes, publiée récemment par l’Agence nationale de la Statistique et du Développement, est un électrochoc : 31,9% des femmes sénégalaises ont subi au moins une forme de violence en un an, et ce chiffre atteint 42,7% chez les 15-24 ans. Pire, 70% des femmes déclarent avoir été violentées par leur partenaire. Ces chiffres ne sont pas seulement alarmants, ils sont honteux. Ils révèlent une vérité crue : le Sénégal, souvent vanté pour sa “Téranga”, est en réalité un pays où la violence contre les femmes est tolérée, minimisée, voire justifiée par une société complice et un silence assourdissant. Il faut crier notre colère et de dénoncer l’hypocrisie collective.
Les violences conjugales, psychologiques, physiques et économiques ne sont pas des cas isolés. Elles sont le symptôme d’un système qui protège les agresseurs et abandonne les victimes. Les auteurs ? Des hommes connus des victimes : maris, pères, frères, voisins. Les lieux ? Le foyer, l’espace censé être le plus sûr. Les complices ? Une société qui ferme les yeux, des leaders religieux qui prêchent la soumission, et des institutions qui échouent à protéger.
Les données confirment ce que les associations dénoncent depuis des années : plus de 1 300 cas de violences ont été enregistrés en 2024 dans les “Boutiques de droit”, et les violences conjugales ont augmenté de 40,6% à 52% en deux ans, malgré les lois et les campagnes de sensibilisation. Pourtant, seuls 40% des victimes osent porter plainte, par peur, honte, ou parce qu’elles savent que la justice sera lente, coûteuse, et souvent inefficace.
Au Sénégal, une femme battue est souvent une femme “qui l’a bien cherché”. Les violences sont considérées comme des “affaires privées”, et les victimes sont encouragées à pardonner, à se taire, à “sauver l’honneur de la famille”. Les campagnes de sensibilisation ? Des coquilles vides. Les mentalités ne changent pas, car la culture du silence est plus forte que la loi. Les femmes sont éduquées pour endurer, pour ne pas “casser le foyer”, pour accepter l’inacceptable.
Certains imams, marabouts et chefs traditionnels, au lieu de condamner ces violences, les légitiment en invoquant des interprétations biaisées de la religion ou des “traditions”. Leur influence est immense, mais trop souvent utilisée pour maintenir les femmes dans la soumission. Pourtant, des initiatives existent pour les impliquer dans la lutte contre les violences, mais elles restent marginales et insuffisantes.
Dans une société où la réputation prime sur la justice, les victimes préfèrent se taire plutôt que de risquer l’exclusion. Les familles, les voisins, les amis ferment les yeux, par lâcheté ou par complicité passive. Résultat : les agresseurs agissent en toute impunité, et les victimes restent prisonnières de leur souffrance.
Les campagnes existent, mais elles ne touchent pas assez les populations, surtout en milieu rural. Pire, elles sont souvent perçues comme une ingérence occidentale, une attaque contre les “valeurs traditionnelles”. Sans éducation massive, sans implication réelle des communautés, sans sanctions exemplaires, ces campagnes ne sont que du vent.
L’État et ses promesses non tenues : Malgré des lois et des plans d’action, les structures d’accueil manquent, les victimes ne sont pas protégées, et les agresseurs ne sont pas punis. Où sont les centres d’écueil, les psychologues, les avocats gratuits pour les femmes sans ressources ?
La justice aux abonnés absents: Les procédures sont longues, chères, et les condamnations rares. Les femmes qui osent porter plainte se heurtent à un mur de mépris et d’incompétence.
Les médias et leur double jeu : Ils relaient les faits divers sordides, mais rare sont ceux qui mènent des enquêtes approfondies ou donnent la parole aux victimes sans sensationnalisme.
La société civile, impuissante et sous-financée : Les associations font ce qu’elles peuvent, mais sans moyens, sans soutien de l’État, elles ne peuvent pas tout.
En Afrique, d’autres pays ont réussi à réduire les violences faites aux femmes grâce à des politiques volontaristes. Le Rwanda, par exemple, a mis en place des tribunaux spécialisés et des campagnes chocs. Au Sénégal, on se contente de beaux discours et de demi-mesures. Pourtant, des solutions existent : éducation dès l’école, formation des forces de l’ordre, implication réelle des leaders religieux, et surtout, une volonté politique sans faille.
Les chiffres de l’enquête sont accablants, mais ils ne doivent pas nous paralyser. Ils doivent nous révolter. Il est temps que chaque Sénégalais, chaque Sénégalaise, chaque leader, chaque institution assume sa responsabilité. La violence contre les femmes n’est pas une fatalité. C’est un choix. Le choix de regarder ailleurs, de se taire, de tolérer.
Assez de discours, assez de larmes de crocodile. Il est temps d’agir. Protégeons nos sœurs, nos mères, nos filles. Brisons le silence. Exigeons des comptes. Le Sénégal mérite mieux que cette honte.
Et vous, que faites-vous pour briser ce cycle de violence ?
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 20/11/2025
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