Et si la séparation était déjà actée ? : Diomaye Faye et Ousmane Sonko - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Société | Par Eva | Publié le 28/11/2025 12:11:00

Et si la séparation était déjà actée ? : Diomaye Faye et Ousmane Sonko

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L’affaire Abdourahmane Diouf, ministre de l’Environnement publiquement accusé par son propre Premier ministre, Ousmane Sonko, est présentée comme une simple « épreuve de vérité » pour le duo exécutif sénégalais. Pourtant, à y regarder de plus près, elle révèle bien davantage : les fissures d’une alliance politique bâtie sur le sable, et les prémices d’une séparation inéluctable. Derrière les grands principes de « gouvernance exemplaire » et de « rupture », se cache une réalité bien moins reluisante : celle d’un tandem en suris, miné par les ego, les calculs politiques et l’incompétence managériale.

Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko ont formé un duo exécutif inédit, porté par l’espoir d’un Sénégal nouveau. Leur alliance, née des circonstances plus que d’une réelle convergence de visions, reposait sur un équilibre précaire : d’un côté, Faye, l’homme institutionnel, discret et mesuré ; de l’autre, Sonko, le tribun radical, habitué aux coups d’éclat. Leur promesse ? Une gouvernance transparente, unie et efficace. Pourtant, l’affaire Diouf vient rappeler une vérité simple : les mariages de raison finissent rarement bien en politique. Dès les premiers mois, les tensions ont émergé, révélant une incapacité à gérer les crises autrement que par l’affrontement ou le déni. Leur entourage, divisé entre « dur » et « mou », attise les braises d’une discorde qui couvait depuis longtemps.

L’accusation publique lancée par Sonko contre son ministre, sans preuve ni enquête préalable, n’est pas un incident isolé. C’est le symptôme d’un mal plus profond : l’absence de confiance, de coordination, et surtout, de maturité politique. Comment croire en la solidité d’un gouvernement où le Premier ministre humilie un membre de son équipe sur la place publique, forçant le président à choisir entre son allié et son devoir de protection des institutions ? La réponse est simple : on ne peut pas.

Les désaccords publics, les silences embarrassés et les communiqués contradictoires se multiplient. Chaque crise affaiblit un peu plus leur crédibilité, et chaque déclaration mal maîtrisée creuse un peu plus le fossé entre les deux hommes. Prenons l’exemple de l’affaire Diouf : Sonko, fidèle à son style, frappe fort, sans preuve, comme s’il était encore dans l’opposition. Faye, lui, reste silencieux, comme s’il subissait les événements plutôt qu’il ne les maîtrisait. Ce silence n’est pas de la sagesse, mais de la faiblesse. Il révèle un président incapable d’imposer son autorité, et un Premier ministre qui agit en solitaire, comme s’il était toujours le seul maître à bord.

Les « barons » de leur entourage, eux, jouent un rôle clé dans cette dérive. Les conseillers de Sonko, habitués à son radicalisme, poussent à la confrontation, tandis que ceux de Faye, plus modérés, tentent de temporiser. Résultat : un immobilisme qui discrédite leur projet commun. Leur gouvernance ressemble à un château de cartes, où chaque souffle chaque crise menace de tout faire s’effondrer.

L’histoire politique sénégalaise est jonchée de scissions retentissantes. Abdoulaye Wade et Idrissa Seck, Macky Sall et Karim Wade, ou encore Abdou Diouf et Habib Thiam. À chaque fois, les mêmes ingrédients : des ego surdimensionnés, des entourage toxiques, et une incapacité à placer l’intérêt général au-dessus des calculs politiques. Diomaye et Sonko semblent condamnés à répéter les mêmes erreurs.

Sonko, impulsif et médiatique, ne peut coexister longtemps avec Faye, discret et institutionnel. Leur gouvernance est une suite de contradictions, où la radicalité de l’un entre en collision avec la prudence de l’autre.

Leur slogan phare se retourne contre eux. Au lieu de transparence, on assiste à des règlements de comptes publics. Au lieu d’unité, on voit des clans s’affronter en coulisses.

Leurs conseillers, plus soucieux de leur influence que de l’intérêt national, préparent déjà le terrain pour une guerre de succession. En coulant Diouf, ils envoient un message clair : dans ce gouvernement, la loyauté est une monnaie d’échange.

Qui restera debout ? Sonko, avec son électorat radical, a les moyens de survivre politiquement. Faye, lui, risque d’apparaître comme le recyclage d’un système qu’il prétendait combattre. Son silence actuel est perçu comme une faiblesse, et ses hésitations comme un aveu d’impuissance.

Leur histoire ressemble de plus en plus à un feuilleton politique, où l’union sacrée laisse place aux règlements de comptes. Pendant ce temps, le Sénégal attend. Les citoyens, qui avaient placé leurs espoirs dans ce tandem, assistent, désabusés, à un spectacle de divisions et d’amateurisme. La promesse de rupture ? Elle se transforme en cacophonie, où chacun tire la couverture à soi.

Les prochains mois seront cruciaux. Si Faye et Sonko ne trouvent pas rapidement un terrain d’entente ce qui semble peu probable, leur séparation ne sera qu’une question de temps. Et quand elle interviendra, ce ne seront pas eux les grands perdants, mais le Sénégal. Car au-delà des personnes, c’est la crédibilité des institutions qui est en jeu.

L’affaire Diouf n’est pas une simple crise passagère. C’est le révélateur d’un pouvoir déjà malade, où la méfiance l’emporte sur la confiance, et où les ambitions personnelles priment sur l’intérêt général. Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko avaient promis de changer la politique. Ils en reproduisent aujourd’hui les pires travers.

Leur séparation n’est plus une hypothèse, mais une probabilité. Et quand elle interviendra, leurs entourage en porteront une large part de responsabilité. Car en attisant les tensions, en jouant les uns contre les autres, ils auront scellé le sort d’une alliance qui n’aura tenu que par les circonstances. Le Sénégal, lui, continuera d’attendre. Attendre un leadership à la hauteur de ses espérances, et une gouvernance enfin digne de ce nom.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 28/11/2025

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