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L’article d’Aïssatou Mbaye sur le thiéboudieune, plat national sénégalais, nous présente Penda Mbaye comme une icône culinaire, une sorte de déesse de la gastronomie. Cependant, cette glorification semble exagérée et sans fondement historique solide, transformant une simple cuisinière en héroïne des fourneaux. Dans cet article, nous allons explorer cette mythologie culinaire avec une pincée de scepticisme.
Le thiéboudieune, ou tieb, est bien plus qu’un simple plat : c’est une institution au Sénégal. Cependant, l’histoire de Penda Mbaye, présentée comme la créatrice de ce délice, mérite une attention critique. Si la cuisine est souvent teintée de légendes, il est important de démêler le vrai du faux, surtout lorsqu’il s’agit d’ériger une figure en symbole national.
Dans le récit de Mbaye, Penda Mbaye est décrite comme une « walo walo », une cuisinière émérite dont le plat a fait chavirer les cœurs. Pourtant, cette histoire, aussi savoureuse soit-elle, semble plus relever du conte folklorique que de la réalité. Comparons cela à la manière dont on pourrait transformer un simple vendeur de hot-dogs en roi de la street food sans aucune preuve tangible de ses talents. La cuisine, comme la légende, peut embellir la réalité à loisir.
Premièrement, l’absence de documentation historique sur Penda Mbaye pose question. Pourquoi une figure aussi emblématique ne serait-elle pas mentionnée dans les annales de la gastronomie sénégalaise ? De plus, le processus de préparation du thiéboudieune, bien que complexe, est en réalité le fruit d’une tradition collective, et non l’œuvre d’un seul individu. C’est un peu comme prétendre qu’un seul artiste a créé tous les chefs-d’œuvre d’un musée : absurde, n’est-ce pas ?
Deuxièmement, la transmission du savoir culinaire est souvent un effort communautaire, et réduire cela à une seule personne, c’est ignorer les nombreuses mains qui ont contribué à l’évolution de cette recette au fil des générations. En effet, le secret du thiéboudieune ne réside pas seulement dans la patience, comme le souligne l’article, mais aussi dans l’héritage collectif de la cuisine sénégalaise.
Le récit de Penda Mbaye est une belle illustration de la tendance à embellir la réalité pour créer des icônes. En glorifiant une cuisinière sans fondement, on risque de dévaloriser le travail de milliers d’autres qui, chaque jour, préparent ce plat avec amour et dévotion. Cette approche peut sembler flatteuse, mais elle peut également mener à une vision biaisée de la culture culinaire, où seuls les héros fictifs sont célébrés, laissant dans l’ombre ceux qui ont vraiment façonné cette tradition.
En outre, il est intéressant de noter que de nombreux plats emblématiques à travers le monde ont des origines floues, souvent attribuées à des figures mythiques. Prenons par exemple le cas de la pizza, souvent associée à des chefs italiens célèbres, mais qui est en réalité le résultat d’un échange culturel complexe. La même logique peut s’appliquer au thiéboudieune : une recette qui a évolué grâce à l’apport de diverses influences culinaires.
La légende de Penda Mbaye, bien que séduisante, semble davantage une construction mythologique qu’une réalité historique. La véritable richesse du thiéboudieune réside dans son histoire collective et dans le savoir-faire de nombreuses personnes. Il faut célébrer la diversité et la profondeur de la gastronomie sénégalaise, plutôt que de se laisser séduire par des récits simplistes et héroïques.
Alors, chers lecteurs, la prochaine fois que vous dégustez un thiéboudieune, rappelez-vous qu’il ne s’agit pas d’un plat créé par une seule main, mais d’une œuvre collective. Engagez-vous à explorer les histoires derrière chaque plat et à célébrer ceux qui, dans l’ombre, continuent de faire vivre ces traditions culinaires.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Sokhna Aida B.
Mis en ligne : 04/12/2025
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