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Récemment, le Ministère des Pêches et de l’Économie maritime du Sénégal a annoncé la reconduction du protocole d’accord de pêche avec la Mauritanie, effectif à partir du 13 novembre 2025. Bien que cette décision puisse sembler pragmatique, elle révèle une inquiétante absence de vision à long terme dans la gestion des ressources halieutiques des deux pays. En s’appuyant sur des accords temporaires, Sénégal et Mauritanie montrent une dépendance qui pourrait compromettre la durabilité de leurs pêches.
Le protocole d’accord initial, signé le 5 juin 2024 à Nouakchott, a été en vigueur jusqu’au 22 juillet 2025. Face à l’échéance imminente, la Mauritanie a accordé une prorogation exceptionnelle de deux mois pour permettre la continuité des activités de pêche. Cette situation met en lumière une gestion des ressources halieutiques qui semble improvisée, sans stratégie claire pour l’avenir. Les deux pays, pourtant riches en biodiversité marine, semblent piégés dans un cycle de reconduction d’accords temporaires, une approche qui rappelle les pratiques d’un coureur de marathon qui, au lieu de planifier son entraînement, s’arrête à chaque ravitaillement.
L’annonce de la reconduction du protocole soulève des questions sur la capacité des deux nations à établir un cadre de collaboration durable. Le ministère des Pêches a souligné que le processus d’élaboration d’un nouveau protocole a été plus long que prévu, ce qui laisse à penser que les discussions manquent de profondeur et de vision. À l’instar d’un architecte qui ne parvient pas à finaliser les plans d’un bâtiment, les autorités semblent ne pas avoir anticipé les besoins futurs des pêcheurs artisanaux. En conséquence, les négociations se concentrent sur des ajustements temporaires plutôt que sur une réforme structurelle nécessaire.
La reconduction de ce protocole, loin d’être une solution pérenne, témoigne d’une gestion à court terme qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur les écosystèmes marins et les communautés de pêche. Les pêcheurs artisanaux, souvent en première ligne des impacts environnementaux, méritent un cadre qui leur permette de prospérer, plutôt qu’un système qui les maintienne dans l’incertitude. En effet, cette situation rappelle celle d’une entreprise qui, au lieu d’innover, choisit de s’accrocher à des méthodes obsolètes, mettant ainsi en péril son avenir.
Cet angle critique met en lumière les lacunes dans la gestion des ressources halieutiques par le Sénégal et la Mauritanie. La dépendance à un protocole reconduit temporairement indique non seulement un manque d’initiative pour développer des solutions durables, mais aussi une incapacité à répondre aux besoins croissants des communautés de pêche artisanale. Les discussions sur l’augmentation du nombre de licences et l’adaptation des dispositifs aux besoins des pêcheurs témoignent d’une approche réactive plutôt que proactive.
Des études antérieures montrent que la surpêche et la dégradation des écosystèmes marins sont des problèmes croissants dans la région. Un rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) souligne que les pays qui ne mettent pas en place des politiques de gestion durable de la pêche risquent de perdre jusqu’à 30 % de leurs stocks halieutiques d’ici 2030. Il est donc important que le Sénégal et la Mauritanie passent d’une approche réactive à une gestion proactive de leurs ressources maritimes.
La reconduction du protocole d’accord de pêche entre le Sénégal et la Mauritanie illustre une gestion à court terme des ressources halieutiques qui pourrait avoir des répercussions graves sur l’avenir de la pêche artisanale. Les deux pays doivent impérativement développer une vision à long terme pour garantir la durabilité de leurs ressources maritimes.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Harona Diouf.
Mis en ligne : 10/10/2025
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