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Dans un discours récemment prononcé à l’Assemblée nationale, le député Papa Tahirou Sarr a tiré la sonnette d’alarme sur ce qu’il perçoit comme une « prise de contrôle » du secteur du pain par des acteurs étrangers. Son intervention, teintée d’un alarmisme palpable, soulève des questions sur la véritable nature des enjeux économiques et sociaux auxquels le Sénégal fait face. En adoptant une posture critique, il semble détourner l’attention des véritables problèmes qui touchent le pays.
Le secteur de la boulangerie au Sénégal, traditionnellement dominé par des artisans locaux, connaît une transformation rapide. La présence croissante de boulangeries appartenant à des étrangers dans les grandes villes et les régions est devenue un sujet de préoccupation pour certains. Sarr évoque cette situation comme un danger imminent pour l’économie nationale, mais il est important de se demander si cette focalisation sur les acteurs étrangers ne masque pas des défis plus profonds, tels que le manque d’infrastructures et de soutien aux producteurs locaux.
L’intervention de Sarr, bien que fondée sur des observations réelles, semble se concentrer sur une stigmatisation des jeunes étrangers présents dans les marchés. En les qualifiant de « remplaçants » des femmes sénégalaises dans des métiers traditionnels, il alimente un discours qui peut facilement glisser vers la xénophobie. C’est comme si, au lieu de s’attaquer aux racines des problèmes économiques, il désignait des boucs émissaires. En effet, la problématique de l’emploi et de la compétitivité des artisans locaux mérite une analyse plus nuancée.
Les propos de Sarr, qui évoque une « invasion » de boulangeries étrangères, peuvent être comparés à une tempête dans un verre d’eau. La réalité est que le marché évolue et que les Sénégalais doivent s’adapter à ces changements. Accuser les étrangers de tous les maux ne fait qu’occulter les véritables enjeux : le manque d’innovation et de soutien aux producteurs locaux. De plus, en insistant sur l’importance de renforcer les contrôles d’hygiène dans les boulangeries, Sarr semble ignorer que la qualité du pain ne dépend pas uniquement de la nationalité des producteurs, mais aussi de l’investissement dans des normes de production modernes.
Le discours alarmiste de Sarr sur la présence des jeunes étrangers dans les marchés pourrait être interprété comme une tentative de diviser une population déjà fragilisée par la crise économique. En stigmatisant ces jeunes, il détourne l’attention des véritables enjeux, tels que la nécessité de former les artisans locaux et de leur fournir les outils nécessaires pour rivaliser sur un marché en mutation. C’est comme si, au lieu de construire des ponts, il choisissait de dresser des murs.
Pour mieux comprendre les enjeux du secteur, il faut examiner les statistiques sur l’emploi et la production au Sénégal. Selon des études récentes, la majorité des boulangeries locales souffrent de problèmes d’approvisionnement et d’un manque de formation adéquate pour leurs employés. Plutôt que de pointer du doigt les acteurs étrangers, il serait plus constructif d’encourager des initiatives visant à renforcer la compétitivité des artisans sénégalais. En outre, la question de la régulation du marché de l’eau et des unités de production informelles mérite également une attention particulière, car elle touche à la santé publique.
Le discours de Papa Tahirou Sarr, bien qu’il soulève des préoccupations légitimes, semble plus axé sur la stigmatisation que sur la recherche de solutions. En mettant l’accent sur les acteurs étrangers, il risque de masquer les véritables défis auxquels le Sénégal est confronté. Il est essentiel de se concentrer sur l’amélioration de la formation, l’innovation et la régulation plutôt que de céder à la peur et à la division.
Il est temps pour les Sénégalais de s’unir et de demander des solutions concrètes aux véritables problèmes économiques. Au lieu de se laisser emporter par des discours alarmistes, engageons-nous pour un avenir où chacun, qu’il soit Sénégalais ou étranger, puisse contribuer à la prospérité de notre pays.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Oumar Kanté.
Mis en ligne : 18/12/2025
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