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La récente décision de la Cour Suprême d’annuler les arrêtés du ministre de la Communication soulève des inquiétudes majeures quant à l’avenir du paysage médiatique au Sénégal. En ouvrant la porte à une anarchie médiatique, la Cour semble ignorer les implications de cette décision sur la régulation et la légitimité des médias. Ce choix, loin de renforcer la liberté de presse, pourrait bien favoriser le désordre et l’impunité dans un secteur déjà fragile.
Les arrêtés annulés visaient à établir une plateforme d’enregistrement pour les médias, ainsi qu’une commission chargée de valider leur conformité au Code de la presse. Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) avait contesté ces mesures, dénonçant un abus de pouvoir et une menace sur la liberté de la presse. En effet, le Cdeps soutenait que la capacité de déterminer la légalité des médias ne relevait pas du ministère, mais d’une autorité indépendante. Ce contexte met en lumière la tension entre la nécessité d’une régulation médiatique et le risque d’un contrôle étatique excessif.
L’annulation des arrêtés par la Cour Suprême pourrait être perçue comme une victoire pour la liberté d’expression, mais elle soulève des questions cruciales sur la régulation des médias. En l’absence de cadre légal clair, le paysage médiatique risque de sombrer dans le chaos, où chaque organe de presse pourrait opérer sans aucune vérification de sa légitimité. Cette situation rappelle les dérives observées dans d’autres pays, où l’absence de régulation a conduit à la prolifération de fausses informations et à la manipulation de l’opinion publique. La Cour, en prenant cette décision, semble ignorer les leçons du passé.
Les arguments en faveur d’une régulation des médias sont multiples. D’une part, un cadre juridique permet d’assurer la qualité de l’information diffusée, garantissant ainsi une certaine confiance du public envers les médias. D’autre part, la régulation protège également les journalistes et les entreprises de presse des abus potentiels, qu’ils proviennent de l’État ou de groupes d’intérêts. En annulant les arrêtés, la Cour Supérieure risque de laisser un vide juridique, où les médias pourraient opérer sans responsabilité, augmentant ainsi le risque de désinformation. De plus, cette décision peut être comparée à des situations dans d’autres pays où l’absence de régulation a conduit à des dérives graves, comme la montée en puissance de médias extrêmes ou biaisés, qui exploitent la liberté d’expression à des fins malveillantes.
La décision de la Cour Suprême d’annuler les arrêtés ouvre donc la voie à une anarchie médiatique dangereuse. En effet, sans un cadre clair, les médias pourraient devenir des vecteurs de désinformation et de propagande, affaiblissant ainsi la démocratie. La régulation, loin d’être un frein à la liberté de la presse, est en réalité un garant de cette liberté. Les exemples de pays où cette régulation a été abandonnée montrent que le résultat est souvent un affaiblissement de la confiance du public envers les médias et une polarisation accrue de l’information.
Des études montrent que dans des contextes similaires, l’absence de régulation a favorisé la montée des fake news, avec des conséquences désastreuses sur le débat public. Par exemple, aux États-Unis, la prolifération de fausses informations durant les élections de 2016 a mis en lumière les dangers d’un paysage médiatique non régulé. Au Sénégal, il est impératif d’apprendre de ces erreurs pour éviter que la liberté de la presse ne se transforme en un champ de bataille où chacun peut diffuser des informations sans contrôle.
La décision de la Cour Suprême d’annuler les arrêtés du ministre de la Communication ne doit pas être saluée comme un triomphe de la liberté d’expression, mais plutôt comme une menace sérieuse pour l’intégrité du paysage médiatique sénégalais. En laissant le champ libre à une anarchie médiatique, la Cour ouvre la voie à des abus qui pourraient nuire à la démocratie et à la confiance du public dans les médias. Il est essentiel de trouver un équilibre qui préserve la liberté de la presse tout en garantissant une régulation efficace, afin d’éviter que le Sénégal ne devienne le théâtre d’une désinformation galopante.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mademba Diop.
Mis en ligne : 28/12/2025
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