Adama Gaye / ECO : Tel est pris… - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - L'opinion des sans voix | Par Eva | Publié le 25/12/2019 06:12:30

Adama Gaye / ECO : Tel est pris…

Gare à l’exubérance irrationnelle, avait averti Alan Greenspan, grand banquier central, Président de la Réserve Fédérale américaine, avant que la crise financière de 2007 ne vienne détruire son image. Son souvenir me revient en tête alors que je tente de comprendre les risques de ce qui s’apparente à une exubérance psychologique depuis l’annonce de la mort, artificielle, du franc CFA, et la naissance, par césarienne, de l’ECO, la nouvelle monnaie des pays francophones, surtout ceux d’Afrique de l’Ouest.
Prendre la parole.

Je laisse aux spécialistes de la monnaie et de l’économie des théories y relatives le soin de prendre la parole et de nous expliquer de quoi tout cela retourne. Qu’ils me permettent cependant d’apporter mon modeste grain de sel sur un sujet tellement sensible qu’il n’est abordé qu’avec des pincettes, en des lieux selects, cachés, et exprimé en des mots tellement ronds, abscons, qu’il faut une loupe pour déceler leurs significations. Les banques centrales, de celle devenue indépendante de l’Europe, à celle d’Angleterre, notamment sous Mervyn King, ou encore celle de l’Amérique, voire la Chinoise, sous l’emprise du leadership politique fermé de la Chine, restent des citadelles du…silence inaccessibles.

Pendant longtemps, la banque centrale des pays francophones d’Afrique (celle de l’Ouest et son alter-égo du Centre) a fonctionné avec un mandat l’extirpant de l’immixtion des gouvernements au point de souvent susciter leur ire. Ce qui est en train de changer, en Afrique comme ailleurs, c’est le rejet des mandarinats bancaires, leur exclusivité, comme les militaires avec les questions liées à la guerre, à décider, seuls, de l’argent, du destin, des individus ordinaires.
Une exubérance populaire, plus grave, parce qu’impérative, est devenue donc la nouvelle menace sur la question monétaire.

C’est précisément ce qu’Emmanuel Macron et Alassane Ouattara, respectivement Président de la France et de la Côte d’Ivoire, n’ont pas compris à l’heure d’une tectonique des plaques numériques où les décisions les plus brillantes sont aussitôt frappées d’illégitimité quand elles sont prises sans une vraie consultation en amont.

Voici donc le premier faux pas que porte l’annonce de la nouvelle monnaie : elle a été faite par des individus n’en ayant pas la légitimité pour des peuples qui, a priori, ont toutes les raisons d’en suspecter la bienveillance.

Un rappel historique permet d’en avoir le cœur net. Souvenons-nous : au début des années 1990, alors qu’il est Premier ministre de Côte d’Ivoire, perçu comme l’homme du Fonds monétaire international (Fmi), Ouattara s’était fait le chantre de la première dévaluation du CFA, changement de nom qui ne portait pas son titre. Il avait été le cheval de Troie de son vrai mentor, Michel Camdessus, alors patron du FMI. Tout s’était passé à Dakar.

Abdou Diouf, à l’époque Président du Sénégal, et homme clé de la Françafrique puisque l’Ivoirien Houphouët était mourant et qu’Omar Bongo était fragilisé par la démocratisation, avait juré qu’il n’y aurait pas dévaluation. Comme Ouattara l’a fait ces derniers temps en vantant les mérites, l’irremplaçabilité, du Cfa. L’un est l’autre ont dû avaler leurs certitudes.


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