La Cedeao reste indulgente : Instabilité en Afrique de l'Ouest - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Khady Gueye | Publié le 21/11/2024 12:11:00

La Cedeao reste indulgente : Instabilité en Afrique de l'Ouest

Depuis quelques années, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est confrontée à des défis majeurs concernant la stabilité politique et la gouvernance démocratique au sein de ses États membres.

Les récents événements en Guinée et dans les pays du Sahel, tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont révélé une politique de « deux poids, deux mesures » au sein de l’organisation sous-régionale, souvent critiquée pour son manque de cohérence dans le traitement des crises politiques.

Le coup d’État de Mamadi Doumbouya en Guinée, survenu le 5 septembre 2021, s’inscrit dans une série de prises de pouvoir militaires en Afrique de l’Ouest. Cependant, la réaction de la CEDEAO face à ce coup d’État diffère sensiblement de ses réactions vis-à-vis d’autres régimes militaires de la région, soulevant des interrogations sur sa gestion des crises politiques.

Alors que la CEDEAO a rapidement imposé des sanctions sévères aux juntes militaires du Mali, du Burkina Faso et, plus récemment, du Niger, elle semble plus indulgente avec le régime guinéen. En Guinée, la transition dirigée par Mamadi Doumbouya s’enlise, sans perspectives claires de retour à l’ordre constitutionnel à court terme.

Malgré cela, les sanctions imposées à la Guinée ont été moins dures que celles appliquées aux autres pays du Sahel, où des sanctions économiques strictes et des restrictions diplomatiques ont été imposées, accompagnées d’une forte pression pour l’organisation rapide d’élections. En Guinée, bien que la CEDEAO ait condamné le coup d’État et imposé quelques sanctions, la pression exercée est restée moindre. Cette approche plus souple permet à la junte guinéenne de consolider son pouvoir, tandis que l’interdiction des manifestations politiques et la répression des voix dissidentes se poursuivent dans une relative impunité.

Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette différence de traitement. Premièrement, la situation géopolitique de la Guinée est différente de celle des pays sahéliens. Alors que le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont confrontés à des menaces terroristes croissantes et à une instabilité régionale, la Guinée reste relativement stable sur le plan sécuritaire. Cette absence de menace sécuritaire immédiate pourrait justifier l’approche moins rigide de la CEDEAO à l’égard de Conakry.

Deuxièmement, la Guinée occupe une place stratégique en raison de ses ressources naturelles, notamment ses immenses réserves de bauxite, qui en font un acteur économique clé dans la région. Ce positionnement pourrait inciter certains États membres de la CEDEAO à adopter une attitude plus conciliante envers la junte guinéenne, de crainte que des répercussions économiques surviennent si la situation se détériorait.

L’opinion publique joue également un rôle non négligeable. Au Mali et au Burkina Faso, le sentiment anti-CEDEAO est en hausse, nourri par la perception que l’organisation sert les intérêts occidentaux plutôt que ceux des populations locales. Les manifestations de soutien aux juntes militaires et contre les sanctions ont renforcé la position des régimes putschistes, réduisant l’efficacité des sanctions de la CEDEAO et compliquant sa tâche. En revanche, en Guinée, les appels à manifester de l’opposition n’ont pas rencontré un large écho parmi la population, permettant au régime de Mamadi Doumbouya de maintenir un certain contrôle interne.

Cette politique de deux poids, deux mesures compromet la crédibilité de la CEDEAO. De plus en plus de voix s’élèvent pour critiquer une organisation qui semble privilégier certains régimes en fonction de leurs intérêts géopolitiques ou économiques, au détriment des principes de démocratie et de bonne gouvernance qu’elle est censée défendre uniformément.

La situation en Guinée, bien que moins médiatisée que les crises au Sahel, représente un test crucial pour la CEDEAO. Sa capacité à promouvoir une transition démocratique sans parti pris et à traiter équitablement chaque pays membre déterminera son avenir en tant qu’acteur incontournable de la stabilité en Afrique de l’Ouest.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Bachir Ori Drame
Mis en ligne : 21/11/2024

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3 commentaires
Paul
La CEDEAO, créée pour favoriser l'intégration économique régionale et promouvoir la paix, a joué un rôle clé dans la gestion des crises politiques. Cependant, sa réponse face aux coups d'État est souvent critiquée pour son manque de fermeté. Par exemple, après les coups d'État au Mali (2020 et 2021), au Burkina Faso (2022) et au Niger (2023), la CEDEAO a imposé des sanctions économiques et diplomatiques, mais ces mesures n'ont pas toujours eu les effets escomptés.
Le 2024-11-21 15:10:45
Alpha Oumar
la cedeao est dirigée par des charognard alors comment elle peut servir la zone ? Pas possible
Le 2024-11-21 12:20:17
khadja
La CEDEAO est maudite
Le 2024-11-21 12:04:59

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Paul
La CEDEAO, créée pour favoriser l'intégration économique régionale et promouvoir la paix, a joué un rôle clé dans la gestion des crises politiques. Cependant, sa réponse face aux coups d'État est souvent critiquée pour son manque de fermeté. Par exemple, après les coups d'État au Mali (2020 et 2021), au Burkina Faso (2022) et au Niger (2023), la CEDEAO a imposé des sanctions économiques et diplomatiques, mais ces mesures n'ont pas toujours eu les effets escomptés.
Le 2024-11-21 15:10:45
Alpha Oumar
la cedeao est dirigée par des charognard alors comment elle peut servir la zone ? Pas possible
Le 2024-11-21 12:20:17
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La CEDEAO est maudite
Le 2024-11-21 12:04:59

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