Le secteur de l’enseignement supérieur sénégalais traverse une période de turbulences majeures. De plus en plus de structures, notamment les amicales d’étudiants, refusent de retourner dans les universités à cause de l’indisponibilité des campus sociaux et des services de restauration.
Cette crise met en lumière les graves déficiences dans la gestion des infrastructures universitaires, qui ne sont plus capables de répondre aux besoins des étudiants en termes de logement et de repas, créant une situation alarmante.
À l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, l’exaspération des étudiants s’est traduite par des manifestations régulières. La fermeture des restaurants universitaires a conduit la Coordination des étudiants de Saint-Louis (CESL) à organiser des « journées sans ticket », durant lesquelles les étudiants ont refusé de payer les repas pour protester contre les mauvaises conditions de restauration. Les longues files d’attente et la mauvaise qualité des repas sont devenues le quotidien des étudiants, ce qui complique leur capacité à étudier efficacement.
La situation est tout aussi préoccupante à l’Université Iba Der Thiam de Thiès (UIDT), où les retards dans les travaux de construction de nouveaux pavillons et restaurants exacerbent les problèmes existants. Les infrastructures sociales sont surchargées, et les chambres, conçues à l’origine pour deux ou trois étudiants, accueillent désormais plus de six personnes dans des conditions de promiscuité extrême. Le restaurant universitaire, submergé par l’afflux d’étudiants, ne parvient pas à fournir un service de qualité, ce qui provoque des files d’attente interminables et une dégradation de la qualité des repas.
Ces difficultés ont un impact direct sur le bien-être et la réussite académique des étudiants. Un environnement de vie stable est une condition sine qua non pour permettre aux étudiants de se concentrer sur leurs études. Or, avec des chambres surpeuplées et des repas de mauvaise qualité, il devient difficile, voire impossible, de suivre un cursus universitaire dans de bonnes conditions.
Les amicales d’étudiants ont multiplié les appels à l’État et aux autorités universitaires pour que des mesures concrètes soient prises afin d’améliorer la situation. À l’UIDT, les étudiants ont demandé la livraison rapide des nouveaux pavillons de 1 000 lits et du nouveau restaurant, mais les travaux avancent à un rythme si lent que beaucoup s’inquiètent pour la prochaine rentrée universitaire. Les responsables de la Conférence des amicales d’étudiants ont même menacé de recourir à des actions plus radicales si la situation n’évoluait pas.
Dans ce contexte, il est crucial que les autorités sénégalaises prennent des mesures urgentes pour rénover et étendre les infrastructures sociales universitaires. La pression démographique sur les campus ne fera qu’augmenter dans les années à venir, et sans une réponse appropriée, le risque est que de plus en plus de structures refusent de retourner à l’université. L’échec à résoudre cette crise pourrait entraîner une instabilité prolongée dans le système d’enseignement supérieur, avec des grèves répétées et des interruptions dans le calendrier académique.
La question de l’indisponibilité des campus sociaux et des restaurants universitaires au Sénégal n’est pas un problème mineur. Elle affecte la qualité de vie des étudiants, leur bien-être psychologique et leur réussite académique. L’État se doit d’intervenir rapidement pour garantir des conditions de vie décentes, faute de quoi les universités sénégalaises risquent de voir leurs activités continuellement perturbées.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Bachir Ori Drame
Mise en ligne : 07/10/2024
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