Le double jeu du pouvoir sénégalais : Impact du « tricotage-détricotage » - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Youssouph Coulibaly | Publié le 28/10/2024 12:10:15

Le double jeu du pouvoir sénégalais : Impact du « tricotage-détricotage »

Depuis l’avènement de la démocratie au Sénégal, le pays a souvent été cité en exemple pour sa stabilité politique relative et la capacité de ses institutions à traverser les transitions de pouvoir pacifiquement.

Cependant, derrière cette façade de stabilité se cache un jeu subtil de manipulation des lois et des institutions par le pouvoir en place, souvent résumé par l’expression « détricoter, tricoter ». Cette formule renvoie à la manière dont les dirigeants successifs, à des fins de maintien du pouvoir, détruisent certaines avancées politiques ou institutionnelles pour en construire d’autres qui leur sont plus favorables.

Le détricotage est souvent perçu comme une remise en cause de certaines réformes ou principes acquis, généralement en réponse à des enjeux spécifiques du moment. Par exemple, au cours des deux dernières décennies, plusieurs réformes électorales et constitutionnelles ont été mises en place puis modifiées en fonction des intérêts des présidents en fonction.

Le cas emblématique est celui du mandat présidentiel. Sous la présidence d’Abdoulaye Wade, la Constitution avait été modifiée pour prolonger la durée du mandat présidentiel, créant ainsi une contestation sociale massive. Cette démarche de modification des règles en fonction des intérêts personnels est un exemple typique de détricotage d’acquis démocratiques.

À l’inverse, tricoter, dans ce contexte, signifie réaménager, réinventer ou reformuler les lois et les institutions pour créer un environnement plus favorable au pouvoir. Les gouvernements utilisent souvent cette méthode pour renforcer leur emprise tout en affichant un semblant de légitimité démocratique.

Macky Sall, par exemple, après avoir promis de réduire le mandat présidentiel à cinq ans, a finalement tricoté des justifications légales pour maintenir le mandat à sept ans lors de son premier terme, avant d’opter pour une révision à cinq ans plus tard. Ce mouvement fluide entre des positions contradictoires reflète un souci de maintenir une apparence de respect des règles tout en manipulant ces mêmes règles pour convenir aux circonstances.

Ce double jeu a des conséquences importantes sur la confiance des citoyens dans leurs institutions. Chaque détricotage est perçu comme une trahison des promesses faites, tandis que chaque tentative de tricoter de nouvelles lois est vue avec suspicion, comme une tentative de consolider le pouvoir plutôt que de renforcer la démocratie. Cette dynamique fragilise l’engagement citoyen, érode la légitimité des institutions et accroît le sentiment de méfiance envers le pouvoir en place.

Pour l’opposition et la société civile sénégalaise, ces tactiques sont souvent considérées comme une trahison des principes démocratiques. Le « tricoter » et « détricoter » constants donnent l’impression que la loi n’est qu’un instrument au service des élites, et non un cadre juste et équitable pour tous. Les manifestations, les grèves et les tensions sociales qui en découlent traduisent la frustration croissante des citoyens qui se sentent exclus des processus décisionnels et victimes de ce jeu politique.

Le double jeu du « tricoter » et « détricoter » est une stratégie de gouvernance qui reflète la tension permanente entre la quête de pouvoir et les exigences de la démocratie. Si cette tactique permet temporairement aux dirigeants de s’assurer un contrôle sur les institutions, elle risque à long terme de miner la confiance dans la démocratie sénégalaise. Il est donc crucial que le Sénégal, pour préserver sa stabilité et sa réputation démocratique, s’engage sur la voie de réformes sincères et transparentes, qui ne soient pas simplement motivées par des intérêts personnels ou partisans.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ndongo
Mis en ligne : 28/10/2024

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6 commentaires
Jeanne Coly
La justice n'a pas le temps des conneries des politiciens qui n'ont aucun respect envers elle, la de pitié
Le 2024-10-28 10:31:24
Cheikh Fall
Interessant
Le 2024-10-28 10:18:35
Fall
Bien dit
Le 2024-10-28 09:55:02
Badji
Focus à vous
Le 2024-10-28 09:22:18
Alicia
Pourtant le président est claire et droit dans ses bottes, la justice n'a cas faire son travail. Les choses ont changé, une personne ne peut pas se permettre d'insulter, diffamer, voler, injurier les gens gratuitement.
Le 2024-10-28 09:00:55
Diallo de
Bonne chance à tous les politiciens du Sénégal
Le 2024-10-28 08:27:24

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Jeanne Coly
La justice n'a pas le temps des conneries des politiciens qui n'ont aucun respect envers elle, la de pitié
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Cheikh Fall
Interessant
Le 2024-10-28 10:18:35
Fall
Bien dit
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Badji
Focus à vous
Le 2024-10-28 09:22:18
Alicia
Pourtant le président est claire et droit dans ses bottes, la justice n'a cas faire son travail. Les choses ont changé, une personne ne peut pas se permettre d'insulter, diffamer, voler, injurier les gens gratuitement.
Le 2024-10-28 09:00:55
Diallo de
Bonne chance à tous les politiciens du Sénégal
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