Face aux freins économiques et aux frontières internes, l’intégration africaine reste un défi. Pourtant, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) pourrait transformer le continent. La question est : les pays africains oseront-ils enfin se libérer de leurs barrières économiques ?
Les frontières africaines héritées de la colonisation freinent le développement économique. Elles maintiennent les États dans un statu quo pénalisant pour le commerce et l’innovation. Aujourd’hui, l’Afrique doit impérativement s’unir pour stimuler le commerce et la prospérité sur le continent. Si l’Union africaine (UA) a lancé la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA), cette intégration est loin d’être achevée. Pourtant, la ZLECA pourrait libérer un potentiel immense, avec plus de 1,3 milliard de consommateurs et un marché d’une valeur de 3 400 milliards de dollars. Mais cela demande des réformes radicales que peu d’États semblent prêts à appliquer.
Les frontières en Afrique augmentent les coûts logistiques et étendent les délais d’acheminement. Les taxes et tarifs douaniers rendent les produits inabordables pour les consommateurs locaux. Dans certains cas, importer d’Europe est moins cher qu’importer d’un pays voisin. C’est paradoxal ! Harmoniser les taxes et simplifier les échanges seraient des premières étapes pour stimuler un commerce intra-africain réellement compétitif.
La ZLECA représente une avancée décisive pour le commerce intra-africain. En supprimant les barrières tarifaires, elle créerait un immense marché unique pour les biens et services. Selon les simulations de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), la ZLECA pourrait accroître de 36 % le commerce intra-africain, et jusqu’à 50 % dans l’agro-industrie. Ces perspectives sont précieuses pour un continent où le secteur agricole représente 15 % du PIB et environ 100 milliards de dollars. Cependant, cet accord ne sera efficace que si les États se montrent proactifs et unissent leurs efforts.
Pour réussir, l’Afrique doit aussi permettre la libre circulation de ses habitants. Le commerce n’est efficace que si les entrepreneurs et investisseurs peuvent se déplacer librement. Actuellement, seuls 32 États ont signé le protocole de libre circulation, et seulement quatre l’ont ratifié. La Communauté de l’Afrique de l’Est offre un modèle de flexibilité. Dans cette région, un citoyen kényan peut entrer en Ouganda avec une simple carte d’identité, une avancée qui pourrait être étendue à tout le continent pour dynamiser les échanges.
Ouvrir le ciel africain est essentiel pour faciliter le commerce et le tourisme intra-africains. Le projet de Marché unique pour le transport aérien africain (SAATM) lancé par l’UA en 2018 vise cet objectif. Cette initiative pourrait réduire considérablement les coûts de vol, multiplier les liaisons et améliorer la connectivité entre les villes africaines. Pour l’heure, plus de 30 pays ont signé le protocole, mais son application reste limitée. Il est temps que les pays africains priorisent ce projet pour créer un véritable marché commun du transport aérien.
Actuellement, le dollar est la monnaie d’échange dominante sur le continent, freinant les transactions commerciales entre États africains. En instaurant une monnaie unique adossée aux ressources naturelles du continent, les échanges entre pays africains seraient simplifiés. Cela permettrait à un entrepreneur égyptien de commercer avec un investisseur sud-africain sans dépendre des fluctuations du FOREX. Au-delà de la monnaie, une langue panafricaine, comme le swahili, pourrait unifier et simplifier les échanges culturels et commerciaux, créant une identité africaine renforcée.
Les intentions sont là, mais il est urgent d’agir pour que la ZLECA devienne une réalité concrète. Cela nécessite un développement massif des infrastructures de transport, comme les routes, les chemins de fer et les ports, pour assurer la rapidité des échanges. Par ailleurs, l’UA devrait établir une commission de suivi pour s’assurer de l’engagement effectif de chaque pays signataire, avec un système de sanctions pour ceux qui freinent ce processus.
L’Afrique doit saisir cette opportunité de s’émanciper économiquement. Libérer les frontières, harmoniser les politiques économiques et adopter une monnaie unique sont des étapes cruciales pour que l’Afrique devienne un continent compétitif et prospère. La ZLECA, si elle est pleinement mise en œuvre, pourrait sortir 30 millions de personnes de l’extrême pauvreté et permettre une véritable révolution économique pour l’Afrique. La question reste : les pays africains sont-ils prêts à dépasser leurs intérêts nationaux pour réaliser cette ambition collective ?
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Rahime Pipita
Mis en ligne : 03/12/2024
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