L’engagement politique des jeunes Sénégalais est un phénomène singulier en Afrique, qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs historiques, socioculturels et politiques.
Comparativement aux jeunes des autres États africains, l’histoire du Sénégal montre une continuité dans l’implication des jeunes dans la vie publique, reflétant une culture politique profondément enracinée.
Le Sénégal possède une tradition coloniale unique, marquée par la participation active des intellectuels et des jeunes leaders à la lutte pour l’autodétermination. Des figures comme Mamadou Dia, Léopold Sédar Senghor et leurs contemporains ont donné l’exemple d’une jeunesse impliquée dès les premières heures des revendications politiques. Ce modèle a inspiré des générations successives.
Abdoulaye Wade, Moustapha Niasse, puis un jeune Abdou Diouf ont perpétué cette tradition, consolidant l’idée que les jeunes pouvaient et devaient jouer un rôle dans la direction du pays.
L’amour pour le Sénégal et la conscience des enjeux sociétaux ont toujours été au cœur de l’engagement des jeunes. Cet attachement s’est renforcé avec l’émergence de figures comme Ousmane Sonko, qui a su capter l’attention d’une jeunesse frustrée par le chômage, l’injustice et la mauvaise gouvernance. Ce phénomène est rare ailleurs en Afrique, où la désillusion politique semble plus marquée. Les jeunes Sénégalais, en revanche, perçoivent la politique comme un levier pour changer leur condition et celle de leur nation.
Contrairement à d’autres pays africains, le Sénégal a une tradition démocratique relativement stable. Cette stabilité permet aux jeunes de s’exprimer librement et de participer sans crainte majeure de répression brutale, contrairement à certaines nations d’Afrique centrale ou australe où la politique est perçue comme un terrain dangereux. Cette différence contextuelle peut expliquer pourquoi les jeunes Camerounais, par exemple, se montrent plus réticents à soutenir des leaders émergents comme Narcisse Nganchop.
Ousmane Sonko illustre comment un leader charismatique peut rallier la jeunesse autour de questions fondamentales : justice sociale, gouvernance transparente et patriotisme. Il a adopté des stratégies de communication modernes, via les réseaux sociaux et les rencontres de proximité, pour mobiliser des millions de jeunes. Ce type d’approche semble manquer chez les leaders de nombreux autres pays africains, où la jeunesse est souvent négligée ou perçue comme apathique.
Dans certains pays, la peur de la répression, l’absence de structures favorisant la participation politique et le manque de modèles inspirants contribuent au désintérêt des jeunes. Là où les jeunes Sénégalais descendent dans la rue pour exprimer leurs revendications, leurs homologues dans d’autres États préfèrent souvent rester en retrait, par crainte ou par fatalisme.
Pour changer la donne, les jeunes des autres nations africaines pourraient s’inspirer des Sénégalais en identifiant des leaders capables de parler à leur génération, en adoptant des stratégies de mobilisation inclusives et modernes et en surmontant la peur grâce à l’éducation politique et au renforcement des structures de soutien.
L’engagement politique des jeunes Sénégalais est le fruit d’un héritage historique, d’un contexte sociopolitique favorable et de l’émergence de leaders visionnaires. Cela démontre que la jeunesse africaine, dans son ensemble, possède un potentiel immense qui ne demande qu’à être activé par des conditions propices et des modèles inspirants.
Narcisse Nganchop aura-t-il le soutien du peuple camerounais comme Sonko ? Peut-on le comparer à Ousmane Sonko ? Seul l’avenir nous le dira.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Kambanck, juriste, spécialisé en droit des contrats
Mis en ligne : 05/12/2024
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