Les flammes continuent de ravager la célèbre cité des Anges, attisées par des vents qui devraient encore se renforcer ce mercredi 15 janvier. Alors que les pompiers luttent contre des incendies d’une intensité dévastatrice, un autre combat se profile : celui de l’avenir de cette mégalopole. Reconstruire, oui, mais comment ? Où ? Dans quelles conditions ? Avec quels moyens ?
Le journal Le Devoir de Québec dresse un tableau inquiétant : « Les plus aisés envisagent déjà de reconstruire, mais pour les autres, les obstacles pourraient s’avérer insurmontables. Quel promoteur accepterait de bâtir des logements modestes dans des zones jugées dangereuses ? Comment un propriétaire modeste pourrait-il convaincre son assureur de reconstruire sa maison là où ne seront tolérées que des habitations ultra-protégées, inaccessibles à son budget ? »
Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a annoncé des allègements réglementaires pour accélérer la reconstruction. Mais, comme le rappelle Le Devoir, l’État tout entier « danse sur un volcan ». Ces feux monstrueux sont le résultat d’un cocktail météorologique exacerbé par le dérèglement climatique.
Paavo Monkkonen, professeur d’urbanisme à l’université de Californie, explique dans les colonnes de Libération : « Les collines de Malibu brûlent depuis plus d’un siècle. L’urbanisation de ces zones, combinée à la végétation inflammable du chaparral, aggrave la situation. Nous avons longtemps négligé les conditions qui favorisent ces incendies, en nous concentrant uniquement sur leur origine. »
Selon lui, il est crucial de repenser l’aménagement urbain : « Il faut s’interroger sur le bien-fondé de reconstruire dans des zones qui brûlent systématiquement. Encourager le développement dans des endroits moins risqués, même si cela remet en question le modèle de faible densité qui caractérise Los Angeles. »
L’histoire américaine regorge d’exemples de villes qui ont dû renaître après des catastrophes. Le Washington Post évoque les grands incendies de New York en 1776, de Chicago en 1871 ou encore le tremblement de terre de San Francisco en 1906. Ces drames, souligne le quotidien, ont souvent été des catalyseurs de changements profonds, qu’ils soient politiques, législatifs ou géographiques.
Au-delà des débats sur la reconstruction, le Los Angeles Times met en lumière un autre aspect essentiel : la résilience des habitants. « Nos liens sociaux nous motivent et nous soutiennent dans les moments les plus difficiles. Aider les autres – qu’il s’agisse d’un SMS, d’un hébergement temporaire ou de bénévolat dans les centres d’évacuation – nous donne un but et nous aide à surmonter nos propres peurs. »
Le journal californien conclut sur une note réaliste et solidaire : « Alors que les catastrophes naturelles se multiplient, la résilience sera notre meilleure arme pour affronter un avenir marqué par des phénomènes extrêmes, qu’il s’agisse d’incendies ou de tremblements de terre. Ceux qui sauront rester connectés les uns aux autres auront toutes les chances de rebondir et de prospérer à nouveau. »
Ainsi, Los Angeles, ville symbole de rêves et d’excès, est désormais à la croisée des chemins. Reconstruire sans repenser le modèle existant ou oser une transformation radicale pour se préparer à un futur marqué par des défis climatiques sans précédent ? La réponse s’écrira dans les mois et années à venir.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye
Mis en ligne : 15/01/2025
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