Les récents propos du président français Emmanuel Macron, évoquant « l’ingratitude » de certains dirigeants africains envers la France, continuent de susciter de vives réactions à travers le continent.
Après les réponses cinglantes du gouvernement tchadien et du Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, c’est au tour du Burkina Faso de faire entendre sa voix. Le capitaine Ibrahim Traoré, dirigeant de la transition burkinabée, a vivement dénoncé les déclarations du président français, les qualifiant d’« insultes envers tous les Africains ». Dans un discours empreint de colère, il a déclaré : « Voilà comment ce monsieur voit l’Afrique. Nous ne sommes pas des humains à ses yeux. »
Ce nouvel épisode intervient dans un contexte marqué par une montée des tensions entre la France et les pays de l’Alliance des États du Sahel – le Mali, le Niger et le Burkina Faso – qui ont tous exigé le départ des forces françaises de leurs territoires.
Dans les colonnes du quotidien burkinabé Aujourd’hui à Ouaga, le capitaine Traoré a reçu un large soutien. Le journal salue sa réaction rapide face aux propos du chef d’État français et souligne son appel à « un réveil conséquent des peuples africains ». Pour certains observateurs, son discours rappelle l’héritage des figures historiques comme Patrice Lumumba ou Thomas Sankara.
Parallèlement à cette escalade verbale, un autre dossier sensible a marqué les relations entre Paris et Ouagadougou. Le Monde Afrique a révélé les détails de la détention et de la libération de quatre agents des services secrets français au Burkina Faso. Ces techniciens, interpellés pour espionnage en novembre 2023, ont été retenus pendant un an dans des conditions tendues.
L’affaire a mis en lumière les failles de la DGSE, notamment l’absence de visas diplomatiques en règle et la mauvaise gestion des informations sensibles. Selon Le Monde Afrique, des négociations complexes, impliquant le Maroc, ont permis leur libération en décembre dernier.
C’est grâce à l’intervention du roi du Maroc que le dossier a finalement trouvé une issue. En renforçant ses liens diplomatiques avec Rabat, Emmanuel Macron a facilité une médiation qui s’est avérée décisive. Cependant, les rumeurs sur les contreparties obtenues par le Burkina Faso – incluant un éventuel soutien financier et matériel – restent sujettes à controverse, la DGSE ayant formellement démenti ces affirmations.
Cet épisode illustre la complexité croissante des relations entre la France et ses anciens partenaires africains. Alors que certains pays optent pour un rapprochement avec de nouveaux alliés comme la Russie, les tensions alimentent un sentiment général de rejet de l’influence française.
Face à ces défis, la question demeure : comment la France pourra-t-elle réinventer ses relations avec une Afrique en pleine mutation, revendiquant de plus en plus son autonomie et sa souveraineté ?
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye
Mis en ligne : 15/01/2025
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