Investiture sous haute tension : Crise au Mozambique - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 15/01/2025 09:01:22

Investiture sous haute tension : Crise au Mozambique

La cérémonie d’investiture de Daniel Chapo, élu président du Mozambique, s’est déroulée ce mercredi 15 janvier à Maputo, capitale sous haute surveillance, marquée par une intense répression policière. Le président élu, crédité de 65 % des voix, prend ses fonctions dans un climat de contestation exacerbée par des violences politiques persistantes depuis les élections d’octobre 2022.

Dans un contexte de crise politique profonde, son principal opposant, Venancio Mondlane, ancien parlementaire et leader de l’opposition, a renouvelé son appel à « paralyser » le pays par des manifestations quotidiennes, dénonçant ce qu’il qualifie d’ »élection volée ». Les tensions sont palpables, avec des barricades érigées par ses partisans et des affrontements violents avec les forces de l’ordre, qui ont fait plusieurs victimes, dont six morts lors des émeutes survenues dans le centre et le nord du pays.

Ces derniers mois, le pays a été secoué par une vague de protestations, de grèves et de blocages de routes, accentuées par l’absence de compromis entre le Frelimo, le parti au pouvoir, et l’opposition. Les violences post-électorales ont fait près de 300 morts selon une ONG locale, exacerbant un climat de mécontentement généralisé face à un régime perçu comme autoritaire et déconnecté des réalités du pays.

En dépit de cette situation tendue, le seul chef d’État étranger à avoir confirmé sa présence à l’investiture est Cyril Ramaphosa, président de l’Afrique du Sud voisine. D’autres dirigeants africains, tels que Paul Kagame du Rwanda, dont les troupes combattent des groupes jihadistes dans le nord du pays, ont décliné l’invitation, ne représentant pas le président mozambicain lors de cette cérémonie.

La contestation, alimentée par des irrégularités et une gestion opaque des élections, a également plongé le Frelimo dans une crise interne, marquée par des dissensions qui rendent la tâche de Chapo encore plus complexe. Bien que le président élu ait affirmé vouloir dialoguer avec l’opposition, aucune rencontre officielle avec Venancio Mondlane n’a eu lieu jusqu’à présent.

Face à cette impasse, certains analystes estiment que Chapo pourrait faire appel à des réformes symboliques pour apaiser les tensions, en annonçant la création d’une commission chargée d’examiner les imperfections du processus électoral ou en intégrant des membres de l’opposition dans son futur gouvernement. Mais pour l’heure, le pays reste dans l’attente d’une solution à une crise politique qui menace de déstabiliser encore davantage cette nation pauvre et inégalitaire.

Le défi pour Chapo, un gouverneur provincial sans grande expérience nationale, est désormais de restaurer l’ordre et d’entamer un dialogue politique sincère afin de tenter de sortir le pays du marasme actuel. Mais face à un climat aussi explosif, son avenir politique pourrait dépendre de sa capacité à naviguer entre les revendications populaires et les fractures internes au sein de son propre camp.

Article écrit par : Cira Sow
Mis en ligne : 15/01/2025

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