Le paiement numérique connaît une expansion rapide sur le continent africain. Paiement sans contact, transactions en ligne, transferts d’argent : l’essor de ces services est indéniable. « Les entreprises et les consommateurs adoptent de plus en plus ces solutions », observe le site d’information malien Malijet. Selon un rapport commandé par Mastercard, cette économie numérique devrait atteindre 1,5 milliard de dollars d’ici 2030. Par ailleurs, la Banque mondiale estime que les transferts de fonds en Afrique ont représenté environ 100 milliards de dollars en 2023, soit près de 6 % du PIB continental.
Face à cette croissance, plusieurs gouvernements africains, dont celui du Mali, ont décidé d’instaurer des taxes sur ces transactions. Une décision qui suscite des inquiétudes. Le site Sahel Tribune souligne que « le gouvernement a récemment introduit plusieurs taxes qui impactent directement les consommateurs et les acteurs du commerce digital ». Parmi ces mesures, une taxe de 10 % sur les recharges téléphoniques réduit le montant crédité aux utilisateurs. Ainsi, une recharge de 1 000 francs CFA ne rapporte plus que 900 FCFA. De plus, un prélèvement de 1 % sur les retraits via mobile money alourdit encore les coûts des transactions, affectant aussi bien les commerçants que les particuliers.
Depuis l’entrée en vigueur de ces nouvelles taxes, de nombreux commerçants en ligne peinent à maintenir leur activité. « Les effets sont déjà visibles », relève Sahel Tribune, qui pointe une pression accrue sur les petites entreprises opérant dans le secteur du numérique.
Les consommateurs, eux aussi, voient leur pouvoir d’achat fragilisé. « L’introduction de ces taxes suscite une vive controverse », analyse Mali Actu. Le gouvernement justifie ces prélèvements par la nécessité de renforcer les finances publiques et de financer des infrastructures. Toutefois, nombre de Maliens y voient une charge supplémentaire, d’autant plus lourde dans un contexte économique difficile. Le débat reste ouvert : ces taxes sont-elles un mal nécessaire pour le développement du pays ou risquent-elles de freiner l’essor du mobile money ?
Autre crainte soulevée par Mali Actu : la possibilité d’un retour aux paiements en espèces ou aux circuits informels. Une telle évolution augmenterait les risques de fraude et compliquerait le règlement des litiges. L’expérience d’autres pays africains ayant adopté des mesures similaires montre qu’une taxation mal calibrée peut temporairement ralentir l’adoption du numérique.
Le National, basé à Bamako, ne mâche pas ses mots. Selon lui, ces « taxations ont été appliquées à la hussarde, sans concertation préalable et avec des justifications changeantes ». Initialement présentées comme une solution aux coupures de courant récurrentes, elles ont ensuite été expliquées par la nécessité de financer des infrastructures stratégiques.
Pour éviter une désaffection massive du mobile money, les autorités doivent jouer la carte de la transparence. « Un effort de communication est indispensable pour expliquer aux citoyens comment ces fonds seront utilisés », recommande Maliweb. L’amélioration des services publics, la digitalisation de l’économie et le développement d’infrastructures sont autant d’arguments qui pourraient apaiser les réticences.
Le sujet ne cesse de faire débat au Mali. « Les militaires au pouvoir à Bamako ne s’attendaient sans doute pas à une telle levée de boucliers », analyse Le Monde Afrique. La question est au cœur des discussions politiques et médiatiques, relançant les préoccupations sur le coût de la vie et l’impact des politiques économiques actuelles.
Dans le même temps, les autorités cherchent à renforcer leur budget de défense. « Un quart des dépenses publiques est consacré aux forces armées », rappelle Le Monde Afrique, qui note également une nouvelle hausse du budget de l’Agence nationale de la sécurité d’État, les services de renseignement maliens. Une répartition des ressources qui alimente les critiques et renforce les interrogations sur les véritables priorités du gouvernement.
Article écrit par : Jean Lazare Ndiaye.
Mis en ligne : 26/03/2025
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