Sous la pression de l’administration Trump, qui a placé le canal de Panama au cœur de ses priorités stratégiques, le gouvernement panaméen va autoriser le déploiement de troupes américaines sur son territoire, selon un accord bilatéral consulté jeudi par l’AFP. Toutefois, la réimplantation de bases militaires permanentes n’est pas envisagée.
Selon les termes de cet accord, les forces américaines pourront se déployer autour du canal, ce qui constitue une concession importante faite à Washington. Néanmoins, il est précisé que l’installation de bases militaires fixes est exclue. Ce sujet reste sensible au Panama, où la mémoire de la présence militaire américaine avant la rétrocession du canal en 1999 reste vive.
L’accord stipule que l’armée américaine ainsi que des sociétés militaires privées sous contrat avec les États-Unis seront autorisées à utiliser certains sites pour des entraînements, des actions humanitaires et des exercices conjoints. Ce texte a été signé par le ministre panaméen de la Défense, Frank Abrego, et par Pete Hegseth, chef du Pentagone, en visite officielle au Panama. Le document prévoit une durée initiale de trois ans, renouvelable, et précise que les infrastructures resteront propriété de l’État panaméen, utilisées conjointement par les deux nations.
Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, le canal de Panama a été élevé au rang de priorité stratégique, notamment pour contrer l’influence croissante de la Chine dans la région. Le président américain est allé jusqu’à suggérer une reprise en main du canal, construit par les États-Unis en 1914 et transféré au Panama à la fin du siècle dernier. « Nous sommes en train de récupérer le canal. La Chine y avait trop d’influence », a déclaré le ministre américain de la Défense, relayé jeudi sur le compte X officiel de la Maison-Blanche.
Cependant, cette présence militaire accrue soulève des inquiétudes au sein de la population et du monde politique panaméens. Le président Jose Raul Mulino, en déplacement au Pérou, a confirmé avoir rejeté la demande américaine de rétablir des bases permanentes et de céder des territoires. « Ce canal est et restera panaméen », a-t-il martelé. Des propos qui font écho au malaise provoqué par les déclarations américaines lors d’une conférence de presse, où l’idée d’une « relance » d’une base militaire a été évoquée.
Enfin, le gouvernement panaméen a dénoncé l’omission d’une mention sur la souveraineté inaliénable du Panama sur le canal dans la version anglaise d’un communiqué conjoint. Il a exigé sa correction. Cette situation réveille les tensions historiques liées à l’occupation américaine et à l’intervention militaire de 1989 contre Manuel Noriega.
Dans ce contexte, plusieurs manifestations ont éclaté dans le pays. Pour le syndicaliste Saúl Méndez, l’accord signé est un « acte de trahison » et marque un recul de la souveraineté nationale. Le canal reste pourtant une artère vitale du commerce mondial, représentant près de 5 % des échanges internationaux et 40 % du trafic de conteneurs des États-Unis.
Article écrit par : Soda Marème
Mis en ligne : 11/04/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.