Il y a dans la carrière de Lionel Messi une beauté rare, presque céleste, qui laisse à jamais une empreinte dans l’histoire du football. Il est de ceux qui transforment un sport en art, un match en ballet, un but en poème.
Mais derrière cette lumière éclatante se cache aussi une série de zones d’ombre, de frustrations et de déceptions qu’on ne peut éluder si l’on veut parler honnêtement de son héritage.
Il est indiscutable que Messi est l’un des plus grands joueurs de tous les temps. Sa vision du jeu, sa capacité à dribbler dans des espaces impossibles, son sens du but, son calme olympien dans les moments décisifs : tout cela l’a élevé au rang de légende vivante. Son parcours à Barcelone, où il a tout gagné, souvent avec une aisance désarmante, a redéfini la fidélité à un club et la notion de joueur total. Son Ballon d’Or de 2023, obtenu après un sacre mondial tardif en 2022 avec l’Argentine, a couronné une carrière que même ses détracteurs peinent à ignorer.
Mais c’est précisément cette stature quasi divine qui empêche parfois de voir les limites du personnage. Messi n’a jamais été un leader vocal. Son mutisme sur le terrain, sa discrétion parfois excessive dans les vestiaires, ont longtemps été pointés du doigt, notamment lorsqu’il portait le brassard de l’Albiceleste. Des finales perdues, des compétitions où il semblait éteint, des échecs avec le PSG malgré une équipe galactique : Messi a aussi connu la frustration, celle de ne pas toujours porter ses coéquipiers au sommet comme certains l’auraient souhaité.
Sa relation avec l’Argentine a longtemps été ambivalente. Il a même pris sa retraite internationale en 2016, avant de revenir, poussé par l’émotion populaire. Et même s’il a su clore ce chapitre en beauté avec la Copa America 2021 et la Coupe du monde 2022, beaucoup estiment que ces exploits arrivent tard, presque en compensation d’un passé trop souvent décevant.
Et puis il y a le choix de finir sa carrière en MLS. Bien que compréhensible d’un point de vue personnel et familial, ce départ vers une ligue moins compétitive tranche avec le romantisme d’un départ en Europe en apothéose. Cela a donné l’impression d’un génie fatigué, préférant la lumière d’un soleil américain à la rudesse du très haut niveau. Certains y voient une manière élégante de finir, d’autres un aveu de déclin.
Messi restera Messi : un nom gravé dans l’éternité, un joueur qui a fait pleurer des foules, exploser des stades, rêver des générations. Mais il restera aussi, dans les marges de cette histoire dorée, un sentiment d’inachevé, de distance, comme s’il avait toujours refusé d’être le guerrier que le monde réclamait. En somme, un roi incontesté… mais un roi énigmatique.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Yandé Diouf.
Mis en ligne : 22/04/2025
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