Ce n’est plus de l’indignation, c’est de la colère. De la rage froide face à une justice qui semble fonctionner à géométrie variable, selon la couleur de peau des victimes ou le lieu où le sang a coulé. Aboubakar Cissé a été froidement assassiné, en pleine prière, dans une mosquée.
Son meurtrier présumé, Olivier Hadzovic, avait prémédité son acte, filmé son crime, et choisi sa cible. Mais non, ce ne serait pas un acte terroriste, nous dit-on. Ce ne serait qu’un « meurtre aggravé ». Circulez, il n’y a rien à voir !
Pourtant, les faits sont là. Le suspect s’exprime sur les réseaux sociaux, annonce son passage à l’acte, évoque la mosquée, choisit sa victime en fonction de sa couleur de peau. Il filme son acte pour le diffuser. Ce sont exactement les critères retenus d’habitude pour parler de radicalisation violente et de terrorisme intérieur. Mais cette fois, rien. Silence. Le parquet national antiterroriste reste de marbre. Il ne s’agit pas d’un acte de terreur, mais d’un « ressort personnel ».
Un homme blanc qui tue un homme noir dans une mosquée, ce n’est pas assez idéologique ? Où sont passés les grands discours sur l’égalité devant la loi ? La République indivisible ? Si cet assassinat avait eu lieu dans une église, dans une synagogue, avec les mêmes intentions et la même mise en scène, l’antiterrorisme aurait été immédiatement mobilisé. Là, on nous parle de déséquilibre mental. De solitude. De pulsions. Un récit classique, qui blanchit les criminels tout en enterrant la mémoire des victimes.
Maître Yassine Bouzrou, avocat de la famille, a raison de dénoncer cette hypocrisie institutionnelle. La justice antiterroriste choisit ses dossiers selon des logiques qui n’ont plus rien à voir avec le droit, mais avec une vision politique, discriminatoire, de qui peut ou non être une « victime légitime ». Nous devons le dire haut et fort : un crime raciste, prémédité, filmé et diffusé dans un lieu de culte est un acte terroriste. Point final.
À quoi bon voter des lois, définir le terrorisme, si c’est pour les appliquer à la carte ? Pourquoi mobiliser tout l’appareil judiciaire pour des incendies de voitures, mais pas pour un meurtre filmé et revendiqué dans une mosquée ? L’impunité ne commence pas seulement dans les tribunaux. Elle s’enracine dans ce refus politique de nommer les choses, de dire que le racisme tue, que la haine anti-musulmane tue, que l’inaction judiciaire est complice.
Ce drame ne doit pas s’ajouter à la longue liste des crimes passés sous silence. Nous devons exiger une justice équitable, une justice cohérente, une justice qui protège toutes les victimes, sans distinction. Car tant que tuer un Noir dans une mosquée ne sera pas reconnu comme un acte terroriste, alors aucune personne racisée n’est réellement en sécurité dans ce pays.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Médoune Diop.
Mis en ligne : 04/05/2025
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