Comment en est-on arrivé à traquer un homme psychologiquement diminué comme Azura, rescapé d’un régime brutal, pour quelques mots jugés offensants envers son ancien bourreau ? Pendant des années, les victimes de Macky Sall ont crié leur douleur dans le silence assourdissant de l’État.
Torturé, détruit moralement, réduit à un état de fragilité extrême, Azura est aujourd’hui désigné comme un fugitif, non pas pour des actes criminels, mais pour avoir exprimé une colère légitime. Où est donc cette tolérance zéro tant vantée quand il s’agit de poursuivre les vrais criminels, les détourneurs de fonds publics, les bourreaux impunis de notre République ?
Ce deux poids deux mesures est insupportable. La justice pour les victimes de Macky Sall ne peut pas être reléguée au second plan pendant que les responsables de leur souffrance, eux, vaquent librement à leurs occupations, continuent à humilier et à provoquer. Pourquoi cette obsession à museler les plus faibles ? Pourquoi cette rapidité à condamner ceux qui n’ont que leur voix pour se défendre, et cette lenteur coupable à traduire en justice ceux qui ont plongé le pays dans la répression, la corruption et la peur ? Est-ce cela l’équité tant promise ? Est-ce cela le visage du nouveau Sénégal ?
Azura n’a pas besoin d’un violon, mais d’un hôpital. Il est temps de reconnaître que les blessures causées par le régime de Macky Sall ne sont pas que physiques, elles sont mentales, profondes, durables. Le nouveau pouvoir ne pourra pas prétendre incarner une rupture réelle tant que justice pour les victimes de Macky Sall ne sera pas rendue de manière prioritaire. Il ne s’agit pas d’un appel à l’impunité, mais d’un cri pour une justice humaine, éclairée, qui distingue la rage d’un survivant de la cruauté d’un bourreau.
Ceux qui aujourd’hui pensent qu’il faut punir Azura pour protéger une image politique se trompent lourdement. Ils trahissent les principes mêmes du projet qu’ils prétendent défendre. Le combat de Sonko était celui du peuple, des opprimés, des humiliés… alors comment peut-on accepter que des patriotes brisés par ce combat soient aujourd’hui traités comme des criminels ? Le Sénégal nouveau ne pourra se construire sur l’oubli, le silence et la répression des victimes. Il faut au contraire réhabiliter leur dignité, entendre leurs souffrances, leur offrir enfin justice et réparation.
À tous les juges, politiques et citoyens engagés, rappelons cette exigence première : justice pour les victimes de Macky Sall. Pas demain. Pas plus tard. Maintenant. Car en chaque Azura, il y a un bout de notre dignité nationale qu’on laisse piétiner. Car à travers leur réhabilitation, c’est toute une société qui se soigne. Gouverner, c’est rendre la justice, surtout à ceux qui en ont été privés trop longtemps.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Eve Sagna.
Mis en ligne : 13/05/2025
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