La sœur d’un ex-ministre inculpée : Tribunal de Pikine-Guédiawaye - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 30/05/2025 09:05:58

La sœur d’un ex-ministre inculpée : Tribunal de Pikine-Guédiawaye

Derrière les murs d’un tribunal de Pikine-Guédiawaye, un procès à haut potentiel médiatique s’est ouvert, mettant en cause une figure inattendue. Adji Seynabou Fall, infirmière de profession et sœur d’un ex-ministre d’État, est aujourd’hui accusée d’avoir orchestré une vaste opération d’escroquerie aux côtés de son mari, Pape Ousmane Lô. Face à la justice, treize plaignants réclament réparation après avoir, selon eux, été dépouillés de plus de 100 millions de francs CFA.

Affectée officiellement dans une localité rurale, la sœur d’un ex-ministre n’a jamais rejoint son poste. Elle choisit plutôt d’ouvrir un cabinet paramédical à Rufisque, avant d’être expulsée pour loyers impayés. C’est à Zac Mbao, en 2024, qu’elle installe ce qui semble être le quartier général d’un réseau de fraude bien rôdé. Derrière une image de femme d’affaires dynamique se cache, selon l’accusation, une habile manipulatrice, capable de soutirer entre 500 000 et 15 millions de FCFA à des victimes séduites par des rendements aussi alléchants qu’illusoires.

Selon le quotidien L’Observateur, ses méthodes incluent des faux bons de commande, des factures trafiquées, de fausses cartes professionnelles, et même des cachets d’hôpitaux falsifiés. Le tout savamment orchestré pour nourrir un mécanisme de Ponzi bien huilé. « Elle te paie un petit bénéfice au début, puis te relance pour remettre le double », témoigne une victime.

L’affaire a attiré l’attention en raison de la diversité des personnes flouées : deux journalistes connus, un imam, un douanier, une caissière d’agence de voyage, des commerçants, et plusieurs émigrés. L’imam Moctar S., de Zac Mbao, dit avoir perdu 23 millions de FCFA. D’autres, comme l’informaticien à la retraite Alassane L. ou Maimouna D., décrivent des manœuvres savamment exécutées : séduction, confiance, puis disparition.

Le couple se déplaçait régulièrement, utilisait plusieurs téléphones, et savait brouiller les pistes. Ils ont finalement été retrouvés dans une clinique clandestine à la Cité Total, où étaient stockés de faux équipements médicaux. À son arrestation, Adji Seynabou Fall avait sur elle cinq téléphones, de faux documents professionnels, et même des talismans.

Pape Ousmane Lô, électromécanicien de formation, rejette toute implication. Pourtant, plusieurs témoignages l’accablent. Des cartes de visite retrouvées à la clinique le désignent comme directeur administratif d’une société fictive. L’un des plaignants, Siaka M., l’a formellement cité dans sa plainte. Face au juge, son avocat s’indigne : « Il n’y a aucune preuve contre lui. C’est lui-même qui s’est présenté aux autorités. Ce dossier est vide ! »

De son côté, l’avocat de la sœur d’un ex-ministre rejette les accusations de blanchiment. Il dépeint sa cliente comme une entrepreneuse incomprise, victime de plaignants cupides, voire usuriers. Certaines victimes, affirme-t-il, auraient elles-mêmes profité du système.

La chute d’Adji Seynabou Fall débute en novembre 2024, lorsque l’une des victimes la reconnaît à la Place de l’Indépendance. Alertant immédiatement un officier de police en charge du dossier, elle la conduit au commissariat central. Depuis, la défense dénonce les méthodes musclées des enquêteurs, notamment la saisie de son téléphone et la fouille de ses communications.

Le parquet, lui, se montre inflexible. Déjà condamnée dans une affaire similaire, l’accusée bénéficierait, selon certains prévenus, de protections familiales qui l’auraient jusqu’ici tenue à l’écart des poursuites. « On en a assez de payer pour elle », aurait même confié un proche du ministre.

Le parquet a requis un an de prison ferme contre le couple, alors que les plaignants exigent le remboursement intégral de leurs pertes et des dommages et intérêts. Les deux prévenus, placés sous mandat de dépôt depuis le 7 novembre 2024, resteront en détention jusqu’au délibéré fixé au 24 juin.

Pendant ce temps, le fils du couple, candidat au baccalauréat, aurait trouvé refuge dans un daara coranique, fuyant un domicile plongé dans la précarité. Un détail humain, mis en avant par la défense pour demander une liberté provisoire… sans succès.

À quelques semaines du verdict, cette affaire révèle une nouvelle fois comment crédulité, promesses de gains rapides, et usage d’un nom à résonance politique peuvent alimenter les dérives les plus retorses. Le tribunal devra désormais trancher : escroquerie ordinaire ou entreprise frauduleuse savamment maquillée en success story entrepreneuriale ? Réponse le 24 juin.

Article écrit par : Maimouna Ngaido
Mis en ligne : 30/05/2025

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