Le récent naufrage d’un bateau sur le lac Tumba, dans le territoire de Bikoro, en République démocratique du Congo (RDC), qui a coûté la vie à au moins 30 passagers, dont plusieurs étudiants, est une nouvelle tragédie de trop. Malgré les promesses répétées des autorités congolaises, ces accidents évitables continuent de se multiplier.
Cette tragédie n’est pas une fatalité climatique, mais la conséquence directe de pratiques irresponsables et criminelles : la surcharge des embarcations, leur mauvais entretien et l’absence d’un contrôle étatique sérieux. Ces incidents sont inacceptables, et elles révèlent un système où les intérêts économiques passent avant la vie humaine.
La RDC, vaste pays enclavé par endroits, repose en grande partie sur ses voies fluviales pour assurer le transport de biens et de personnes. Dans des zones comme la province de l’Équateur, les routes sont impraticables voire inexistantes. Les populations n’ont souvent pas d’autre choix que de se tourner vers les bateaux pour se déplacer. Or, la majorité de ces embarcations sont mal entretenues, vieillissantes et inadaptées aux conditions climatiques extrêmes qui deviennent de plus en plus fréquentes.
Le bateau qui a coulé mercredi soir sur le lac Tumba transportait des villageois et des marchandises. Selon les premiers témoignages, l’accident aurait été causé par de fortes pluies et des eaux turbulentes. Mais ces conditions météorologiques ne sauraient à elles seules expliquer la catastrophe. Comme trop souvent, le bateau était en surcharge, transportant plus de passagers que sa capacité ne le permettait. Le drame fait suite à une longue série d’accidents similaires en RDC : 50 morts en avril 2024 dans le nord-ouest, plus de 80 en juin 2023 près de Kinshasa. Le scénario est toujours le même, et les morts, toujours les mêmes : des citoyens vulnérables.
Le nœud du problème est bien connu : les propriétaires de bateaux, en quête de profits rapides, ignorent volontairement les règles de sécurité. Ils entassent les passagers, ajoutent des marchandises, et prennent la mer sans équipements de sauvetage. La corruption ou l’inaction des autorités locales permet à ces pratiques de perdurer. Aucune réglementation sérieuse n’est appliquée, et lorsqu’une promesse de réforme est faite, elle reste lettre morte. Les disparus deviennent des chiffres, vite oubliés.
Cette situation n’est pas propre à la RDC. Le Sénégal, par exemple, a connu une tragédie similaire en 2002 avec le naufrage du Joola, causant près de 2 000 morts. Là aussi, la surcharge et la négligence étaient à l’origine du drame. Au Nigeria, en 2021, plus de 150 personnes ont péri dans le naufrage d’un bateau surchargé sur le fleuve Niger. Dans ces contextes, les mêmes dynamiques se répètent : recherche de profit, absence de régulation, mépris pour la vie humaine.
La RDC ne peut plus se contenter de pleurer ses morts et de promettre des réformes jamais appliquées. Il faut exiger un encadrement strict du transport fluvial, avec des inspections régulières, des sanctions sévères pour les contrevenants, et un soutien aux alternatives sûres de transport. Le silence et l’inaction sont complices de ces morts. La sécurité ne doit jamais être sacrifiée sur l’autel du profit. Que les autorités congolaises prennent enfin leurs responsabilités.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ansou Faye.
Mis en ligne : 05/07/2025
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