Mardi dernier, une série d’attaques coordonnées, attribuées à des jihadistes présumés, a frappé plusieurs localités maliennes, dont Diboli, située à seulement deux kilomètres de la frontière sénégalaise. Tandis que le général Mansour Seck appelle à la vigilance sans céder à la panique, cette proximité géographique avec les violences armées interpelle légitimement. Pourtant, au Sénégal, les priorités semblent ailleurs. Au lieu de mobiliser toutes les énergies autour de la sécurité nationale, nos autorités se perdent dans des querelles politiques, des calculs électoraux et des stratégies de communication sur les réseaux sociaux. Cette posture désinvolte face à une menace réelle est non seulement inquiétante, mais dangereuse.
Le Sahel est devenu, depuis plus d’une décennie, le théâtre d’une insécurité croissante due à la prolifération de groupes jihadistes. Du nord du Mali au Burkina Faso, en passant par le Niger, des pans entiers de territoires échappent à tout contrôle étatique. Aujourd’hui, ces violences progressent vers le sud, menaçant les pays côtiers comme le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire, et désormais, le Sénégal. L’attaque à Diboli n’est pas un simple fait divers : c’est une alarme qui sonne à notre porte.
Malgré les déclarations rassurantes du général Seck, la réalité appelle une autre lecture. L’attaque de Diboli n’est pas anodine. Elle symbolise l’extension de la menace jihadiste vers le Sénégal. Pendant ce temps, que constatons-nous ? Un président, Diomaye Faye, multipliant les voyages sans communication claire sur la situation sécuritaire nationale. Un Premier ministre, Ousmane Sonko, plus préoccupé à maintenir son audience sur Facebook qu’à piloter une stratégie de sécurité cohérente. Le contraste est saisissant entre le calme apparent de nos dirigeants et la gravité des événements qui se déroulent à quelques encablures de nos frontières.
Une insécurité à nos portes ignorée : Alors que des pays comme le Bénin ou la Côte d’Ivoire ont renforcé leur dispositif militaire et coopératif, le Sénégal reste focalisé sur des combats politiques internes.
Une communication institutionnelle minimaliste : Ni le ministère des Forces armées, ni celui de l’Intérieur ne se sont véritablement exprimés sur cette attaque, ce qui envoie un signal de légèreté inquiétante.
Une absence de leadership sécuritaire fort : Le pouvoir en place semble plus préoccupé par l’image, les calculs politiciens et la polarisation des débats que par une mobilisation rigoureuse pour la défense du territoire.
Une continuité institutionnelle en panne : L’instabilité régionale appelle un État fort et prévoyant. Or, la transition politique récente au Sénégal semble avoir affaibli la réactivité de l’appareil étatique.
La Côte d’Ivoire, confrontée à une menace similaire en 2020, avait immédiatement lancé une opération militaire baptisée Frontière Étroite, en coordination avec les populations locales et les forces françaises. Le Ghana et le Togo ont multiplié les patrouilles militaires et les investissements dans les zones frontalières. Ces pays ont compris l’urgence. Pourquoi le Sénégal, pourtant plus stable, tarde-t-il à suivre cette voie ?
La sécurité d’un État ne se gère pas dans les directs Facebook, ni dans les salons diplomatiques à l’étranger. Elle se construit sur le terrain, dans l’anticipation, la préparation et la mobilisation. Pendant que l’ennemi se rapproche, nous jouons avec le feu. Il est grand temps que nos dirigeants sortent du confort politique pour faire face aux réalités d’un monde instable. Le Sénégal mérite mieux qu’un leadership dispersé face à une menace aussi sérieuse.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Boubacar Diakhité.
Mis en ligne : 07/07/2025
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