L’actrice sénégalaise Rita Hora a récemment brisé le silence face aux attaques incessantes dont elle est la cible dans le groupe Facebook « Top Cas ». Dans une publication sur ses réseaux sociaux, elle dénonce un acharnement, des calomnies, et des interprétations malveillantes qui empoisonnent sa vie quotidienne. Ce cri du cœur n’est pas un simple coup de gueule : il révèle un problème bien plus vaste et inquiétant. Ce cas s’inscrit dans une tendance alarmante de cyberharcèlement au Sénégal, un phénomène déguisé en liberté d’expression, qui devient de plus en plus insupportable.
Au Sénégal, Facebook est devenu bien plus qu’un outil de communication. C’est un miroir déformant de la société, un théâtre de jugements permanents, où les groupes privés servent de tribunaux populaires. Des centaines de milliers de membres se retrouvent dans des espaces prétendument communautaires, mais qui virent souvent à l’arène des lynchages virtuels. Des figures publiques comme Rita Hora, mais aussi de simples citoyens, y sont traînés dans la boue sans scrupules ni preuves.
Le cas de Rita Hora n’est pas isolé. Il illustre la banalisation du cyberharcèlement au Sénégal, amplifiée par l’impunité et la désinvolture de certains administrateurs de groupes Facebook. Sous couvert d’humour, d’ »infos croustillantes » ou de « vérités qu’on cache », ces espaces se transforment en machines à broyer des réputations. Ce n’est pas de l’expression libre, c’est de la violence sociale numérisée.
L’actrice dénonce une campagne organisée : insultes, mensonges, interprétations tordues, tout y passe. Et cela se répète, sans relâche. Ce harcèlement continu n’est rien d’autre qu’un fléau, dont les auteurs se cachent derrière leurs claviers pour se défouler sur ceux qui ont le malheur d’être visibles, libres ou simplement différents.
Ceux qui défendent ces groupes invoquent la liberté d’expression. Mais la liberté d’expression n’a jamais été un permis d’humilier, de harceler ou de détruire. La Constitution sénégalaise, comme les textes internationaux, protège cette liberté dans le respect de la dignité humaine. Or, ce respect est constamment piétiné dans ces groupes.
De plus, l’impact psychologique sur les victimes est trop souvent ignoré. Combien de personnes, moins connues que Rita Hora, ont sombré dans la dépression, l’isolement ou pire, à cause de ce harcèlement ? Doit-on attendre un drame pour réagir ?
Ce phénomène n’est pas propre au Sénégal. En France, des groupes similaires ont été dissous par la justice pour incitation à la haine ou diffamation. En Corée du Sud, plusieurs célébrités ont mis fin à leurs jours après des campagnes de harcèlement en ligne. Ces exemples montrent qu’il ne faut pas banaliser ce qui est en réalité un crime.
Ce que vit Rita Hora est une alerte. Il ne s’agit pas d’un caprice de star, mais d’un cri face à un système de harcèlement organisé, toléré et même encouragé par l’inaction générale. Il faut tracer une ligne claire entre liberté d’expression et cyberviolence.
Assez de complaisance. Assez de silence. Il faut légiférer, modérer, sanctionner. Il faut que les plateformes comme Facebook soient mises face à leurs responsabilités, que les administrateurs soient tenus comptables, et que les membres comprennent enfin que leurs mots ont des conséquences. Ne restons pas complices. Exigeons des règles. Défendons la dignité.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Mounass Faye.
Mis en ligne : 17/07/2025
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