Le franc-parler de Sonko : Un style qui inquiète plus qu’il ne rassure - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 17/07/2025 12:07:00

Le franc-parler de Sonko : Un style qui inquiète plus qu’il ne rassure

Lors d’un discours tenu le 10 juillet 2025 à Dakar, Ousmane Sonko, Premier ministre sénégalais et président du parti Pastef, a une nouvelle fois fait parler de lui par la virulence de ses propos. Réaffirmant son engagement sans faille et sa volonté de ne pas démissionner, il a lancé une série de critiques à peine voilées à l’encontre de l’exécutif, des médias, et même du président Bassirou Diomaye Faye. Si certains saluent une franchise salutaire, le style de Sonko, bien que sincère, devient un facteur de déstabilisation politique et d’inquiétude institutionnelle.

Depuis son accession au pouvoir, le tandem Diomaye–Sonko incarne une volonté de rupture avec l’ancien régime. Cependant, la cohabitation semble aujourd’hui difficile. Tandis que le président prône un leadership discret, Sonko adopte une posture plus brutale, multipliant les déclarations tapageuses. Ces sorties publiques sèment le doute sur la cohésion gouvernementale, alors même que le pays traverse une période délicate, marquée par des dossiers judiciaires sensibles et des tensions avec la presse.

Certes, Ousmane Sonko n’est pas un politicien traditionnel. Son franc-parler est perçu comme un gage d’honnêteté. Mais ce style rugueux n’est pas sans conséquences. En dénonçant « les lenteurs de la justice » ou en affirmant qu’il aurait agi différemment s’il était à la place du président, Sonko ne se contente pas d’interpeller, il sape, volontairement ou non, la légitimité de son propre chef de l’État. Ce genre de posture fragilise l’image d’un pouvoir uni et accentue les soupçons de conflit au sommet de l’exécutif.

Les prises de position contre certains médias, qualifiés d’« irresponsables », s’ajoutent aux inquiétudes. Lorsque Sonko fustige les journalistes, qu’il les accuse de se comporter en « procureurs », cela ouvre la voie à des dérives liberticides. L’interpellation récente du chroniqueur Badara Gadiaga, dans un climat déjà tendu pour la presse, ne peut être totalement dissociée de ces propos virulents. Or, la démocratie sénégalaise repose sur le respect de la pluralité d’opinions, même critiques.

L’histoire politique africaine regorge de figures charismatiques dont la popularité a fini par éclipser les institutions. On pense à Thomas Sankara, dont l’élan révolutionnaire a buté sur les logiques de pouvoir, ou à Laurent Gbagbo, dont le style personnel a parfois fait de l’ombre à la stabilité étatique. Le Sénégal, souvent cité comme exemple de démocratie apaisée, ne peut se permettre de suivre cette pente.

Ousmane Sonko reste une figure adulée, notamment par les jeunes et les militants anti-système. Mais sa manière de gouverner par la confrontation, au lieu de l’apaisement, interroge. Loin de l’esthétique politique traditionnelle, il revendique une posture de vérité brute. Ce choix, bien qu’authentique, ne suffit pas à faire de lui un homme d’État au sens institutionnel du terme. Gouverner, ce n’est pas s’imposer par la voix la plus forte, mais par la construction du consensus.

Le Sénégal n’a pas besoin d’une guerre des ego au sommet de l’État. Le style d’Ousmane Sonko, bien que sincère et enraciné dans une volonté de rupture, doit être interrogé. Il ne s’agit pas de lui nier son intégrité, mais de rappeler que le franc-parler n’est pas un blanc-seing pour la division. La démocratie sénégalaise exige de la mesure, du respect mutuel et une posture qui rassemble, plutôt que des propos qui polarisent. Si Sonko veut durablement incarner l’avenir, il lui faudra apprendre que gouverner, c’est aussi savoir se taire.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 17/07/2025

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Samba
wakhoul dara lou graw
Le 2025-07-17 17:13:12
Wélé
varr yi dinako yar
Le 2025-07-17 16:03:40

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