L’affaire impliquant une agente de la société Assistance Services AIBD (2AS), arrêtée pour des faits présumés de vol de colis, a mis en lumière un problème plus profond que ce que la version officielle laisse entendre. Loin d’un incident isolé, ce nouveau scandale soulève des interrogations légitimes sur la récurrence des vols de colis à l’AIBD et sur la possible existence d’un réseau structuré au sein des services aéroportuaires. Il ne s’agit pas simplement d’une faute individuelle, mais d’un dysfonctionnement collectif entretenu par l’omerta et la complicité silencieuse.
Le 20 janvier 2025, une cheffe d’entreprise sénégalaise en provenance de Guangzhou, via Istanbul, atterrit à l’Aéroport International Blaise Diagne. Elle constate la disparition d’un colis de 32 kg contenant du matériel important. Cette perte donne lieu à une plainte et une enquête de la Division des investigations criminelles (DIC), qui aboutira à l’arrestation de N. S. B. Ndiaye, une agente d’enregistrement. Mais rapidement, les incohérences dans le récit de cette dernière viennent renforcer une inquiétude déjà partagée : les vols de colis à l’AIBD ne seraient pas une nouveauté, mais une pratique courante.
Les faits relatés révèlent des failles troublantes. L’agente mise en cause aurait vu un colis correspondant à la description, mais ne l’a ensuite plus retrouvé. Elle évoque les horaires en rotation des équipes du service « Litiges », suggérant qu’un autre agent aurait pu s’en emparer. Plus préoccupant encore : les caméras de surveillance ne montrent rien aux dates mentionnées par l’agente, mais révèlent qu’un individu en gilet bleu aurait récupéré un colis ressemblant le jour de l’arrivée de la victime.
Ce flou volontairement entretenu autour de la disparition du colis, conjugué au silence des autres agents, renforce l’idée que les vols de colis à l’AIBD sont facilités, voire couverts, par une chaîne de responsabilités poreuses.
Des situations semblables ont été documentées dans d’autres pays. À l’aéroport OR Tambo en Afrique du Sud, des vols de colis à répétition ont conduit à des licenciements massifs en 2022, après la découverte d’un réseau mêlant agents au sol et vigiles. En Algérie, à l’aéroport d’Alger, un système comparable avait été démantelé en 2023. Dans ces deux cas, c’est l’existence de complicités internes qui avait permis à ces pratiques de prospérer.
À l’AIBD, les faits semblent suivis d’enquêtes de façade, mais sans réelle volonté d’aller au fond des choses. L’absence de transparence, l’absence de sanctions exemplaires et la faiblesse du contrôle interne renforcent le sentiment d’impunité. Tant que les vols de colis à l’AIBD ne seront pas traités comme un problème systémique, ces dérives persisteront.
Il faut non seulement sanctionner les auteurs de ces actes, mais aussi revoir profondément la gouvernance sécuritaire de l’AIBD. Les vols de colis à l’AIBD ternissent l’image du Sénégal, sapent la confiance des voyageurs et affaiblissent l’économie. Il est impératif que les autorités procèdent à un audit complet du service bagages, qu’elles renforcent la vidéosurveillance, et qu’elles imposent un contrôle indépendant des opérations internes.
Les vols de colis à l’AIBD ne sont pas des accidents, mais les symptômes visibles d’un système fragilisé par le laxisme et la complicité. L’heure n’est plus à la complaisance, mais à l’action ferme et courageuse.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Daouda Diop.
Mis en ligne : 18/07/2025
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