Je m’appelle Aïssatou, j’ai 34 ans et ce que je m’apprête à raconter me ronge depuis des années. Il ne s’agit pas de fierté, ni d’un plaisir à remuer le passé. C’est plutôt une manière pour moi de faire la paix avec mon cœur.
Quand mon frère a décidé de se marier, j’ai ressenti quelque chose d’étrange. Une sorte de menace, comme si cette femme allait me voler la place que j’occupais dans sa vie. Nous avons grandi dans une fratrie très soudée. Il était mon confident, mon allié. Alors, voir cette inconnue prendre de plus en plus de place me blessait… même si je ne le montrais pas ouvertement.
Dès son arrivée dans notre maison familiale car comme le veut la tradition, elle a d’abord vécu chez nous j’ai décidé de ne pas lui faciliter la vie. Je l’ignorais lors des repas, je critiquais sa cuisine devant tout le monde, je l’accusais parfois à tort auprès de ma mère. J’allais même jusqu’à lui donner des tâches supplémentaires quand elle croyait pouvoir se reposer. J’étais devenue un vrai poison pour elle.
Au fond de moi, je savais que ce n’était pas juste. Mais je voulais qu’elle comprenne qu’elle n’était pas chez elle, qu’ici c’était « chez nous », et qu’elle devait se faire petite.
Mon frère, au début, ne voyait rien. Mais petit à petit, il a commencé à remarquer l’atmosphère tendue entre nous. Un jour, il m’a prise à part et m’a dit, avec des mots durs mais vrais : « Ce que tu fais n’est pas bien. Elle t’a toujours respectée, tu n’as aucune raison de la haïr. »
Ce jour-là, j’ai compris que j’étais en train de perdre ce frère que je voulais tant garder près de moi. Pire encore, je faisais souffrir une femme qui ne m’avait jamais fait de mal.
Aujourd’hui, elle et lui vivent dans leur propre maison. J’ai tenté de recoller les morceaux, de m’excuser. Elle m’écoute, poliment, mais je sens que quelque chose s’est cassé. Elle est gentille, digne, mais méfiante. Et je ne peux que m’en prendre à moi-même.
Je partage cette confidence pour que d’autres ne fassent pas la même erreur. La jalousie familiale peut être destructrice. Il est important d’apprendre à faire de la place à l’autre, même si ce n’est pas facile. L’amour fraternel ne disparaît pas parce qu’il est partagé. J’aurais voulu comprendre cela plus tôt.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 20/07/2025
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