Je n’aurais jamais imaginé me retrouver dans une telle situation. En acceptant ce poste d’assistante de direction dans une entreprise de la place à Dakar, je cherchais juste à lancer ma carrière, à faire mes preuves, à gagner mon indépendance. Mais la vie professionnelle a parfois des détours qu’on ne voit pas venir. Et aujourd’hui, je l’avoue : je suis tombée amoureuse de mon patron.
Ce n’était pas prémédité. Au départ, je le voyais juste comme un homme exigeant, toujours bien habillé, distant mais respectueux. Il me tutoyait rarement, me corrigeait souvent, mais ne m’a jamais manqué de respect. C’est peut-être ça qui m’a troublée : son autorité calme, sa manière de me faire confiance petit à petit, de me laisser gérer des dossiers importants, de m’écouter.
Petit à petit, nos échanges sont devenus moins strictement professionnels. Rien d’ambigu au début : des sourires, des remerciements sincères, une attention particulière à mon travail. Puis des discussions sur nos lectures, sur l’actualité, sur nos ambitions. Il m’a confié des choses personnelles, sur ses débuts, ses doutes, ses échecs aussi. Moi qui le voyais comme un roc, j’ai découvert un homme humain, vulnérable parfois, touchant souvent.
Et un jour, sans prévenir, j’ai ressenti autre chose. Ce n’était plus seulement de l’admiration. C’était un frisson quand il me parlait, un trouble quand nos regards se croisaient. J’ai essayé de nier. J’ai mis ça sur le compte de la routine, du fait qu’on passe beaucoup d’heures ensemble. Mais ce n’était pas passager. J’étais bel et bien tombée amoureuse.
Sauf que nous sommes au Sénégal. Ici, ces choses-là ne sont pas prises à la légère. Une femme qui aime son patron ? On imagine tout de suite des rumeurs, des jugements, des collègues qui murmurent. On la taxe d’opportuniste, on parle de « promotion canapé », même quand il ne s’est rien passé. Et puis, il y a les valeurs : la pudeur, la dignité, le respect du cadre professionnel.
Je n’ai jamais osé lui en parler. D’ailleurs, je ne sais même pas s’il ressent quelque chose. Peut-être que oui, peut-être que non. Peut-être qu’il est marié, même s’il ne parle jamais de sa vie privée. Ce que je sais, c’est que je me suis fixée une ligne rouge à ne pas franchir. Je tiens à mon intégrité. Je refuse d’être cette femme qu’on soupçonne ou qu’on utilise.
Alors je me tais. J’écris ces mots pour vider mon cœur, pas pour franchir un cap. Parce que parfois, aimer quelqu’un en silence, c’est déjà assez douloureux. Et surtout parce qu’ici, au Sénégal, les sentiments doivent souvent se cacher derrière la raison, surtout quand ils naissent dans un bureau.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 22/07/2025
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