Voilà vingt et un mois que l’enfer s’abat sur la bande de Gaza. Le 8 juillet 2025 marque une étape lugubre d’une guerre asymétrique, où la souffrance du peuple palestinien est non seulement reléguée au second plan, mais aussi déformée par une manipulation médiatique systémique. Officiellement, 57 418 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre 2023. Pourtant, ces chiffres, relayés mécaniquement par la majorité des chaînes d’information et des grands quotidiens, sont gravement sous-estimés. Par leur refus de questionner les bilans officiels, par leur manière de minimiser l’ampleur du drame, les médias participent activement à une manipulation de l’opinion publique, maquillant l’horreur sous un vernis de neutralité. Ce silence complice, cette manipulation des médias, constituent une trahison de la vérité et une légitimation indirecte d’un crime contre l’humanité.
Le contexte est d’une brutalité inouïe. Une enclave de 2,3 millions d’habitants est pilonnée sans répit par l’une des armées les plus puissantes du monde. Les hôpitaux sont rasés, les civils piégés, les infrastructures de base détruites.
À cette guerre physique s’ajoute une guerre de l’information : le contrôle du récit. Les chiffres officiels, ceux du ministère de la Santé de Gaza, sont régulièrement discrédités ou relativisés dans les médias internationaux. Pourtant, l’ONU et des revues scientifiques de référence comme The Lancet ou les études indépendantes de chercheurs comme Michael Spagat les jugent crédibles… voire bien en-deçà de la réalité.
En vérité, près de 100 000 morts seraient déjà à déplorer selon des recherches croisées. 4% de la population de Gaza aurait été éliminée. Et parmi les tués, plus de la moitié sont des enfants ou des femmes. Des bébés morts le jour de leur naissance. Des femmes tuées en quête de nourriture. Cette barbarie dépasse en intensité toutes les autres guerres récentes. Et pourtant, le monde regarde ailleurs.
C’est là que réside le véritable scandale : l’attitude de certains médias internationaux. Obsédés par « la vérification des sources » quand il s’agit de Gaza, ces médias sont curieusement moins exigeants lorsqu’ils relayent les justifications de l’armée israélienne. Ils évoquent des « dommages collatéraux » pour des familles entières écrasées sous les bombes, sans jamais poser la question centrale : comment justifier un taux de mortalité civile aussi élevé dans une guerre prétendument ciblée ?
Les grands titres occidentaux, au lieu de tirer la sonnette d’alarme, ont souvent préféré se retrancher derrière la prudence, voire l’ambiguïté. Cette posture, qui évite d’accuser clairement Israël de crimes de guerre, équivaut à un blanchiment moral de l’horreur. En refusant d’appeler un massacre par son nom, les médias deviennent complices. Car l’effacement médiatique est une stratégie de guerre. Faire oublier les morts, en noyer le nombre dans le doute, permet à l’agresseur de continuer sans entraves.
Les comparaisons sont accablantes : au Kosovo, en Syrie, au Soudan, jamais les proportions de civils tués n’ont été aussi écrasantes. Plus de 90 % des morts seraient des non-combattants à Gaza. Quel autre conflit contemporain peut revendiquer un tel taux sans provoquer une réaction immédiate des chancelleries occidentales et des rédactions ?
Face à cette hécatombe méthodiquement documentée mais médiatiquement diluée, il faut exiger la vérité. Exiger un accès immédiat des organismes internationaux sur le terrain. Exiger des rédactions qu’elles cessent de relativiser l’indicible.
Ne nous laissons pas anesthésier par le flot de chiffres déshumanisés. Derrière chaque donnée, il y a un visage, une histoire, une vie fauchée. Gaza est en train de mourir à huis clos. Et certains médias ferment la porte. Assez de complaisance. Il faut briser le silence. Nommer le crime. Et ne jamais oublier.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Angélique Mendes.
Mis en ligne : 26/07/2025
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