Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, Mimi Touré, ancienne Première ministre sous Macky Sall, aujourd’hui Haute représentante du président Diomaye Faye et désormais alliée d’Ousmane Sonko, justifie son ralliement à l’ancien opposant qu’elle avait pourtant âprement critiqué. Elle invoque un « devoir patriotique » face à un pays menacé par l’instabilité. Ce revirement, loin d’être anodin, interroge sur la cohérence morale et politique de celle qui prétend aujourd’hui incarner une nouvelle ligne directrice.
Ce retournement d’alliance, loin de traduire une élévation d’esprit, révèle plutôt une stratégie opportuniste qui fragilise davantage la crédibilité de la classe politique sénégalaise.
Aminata Touré a été l’une des figures emblématiques du régime de Macky Sall avant d’en devenir une farouche opposante. Elle s’est publiquement démarquée de l’ancien président notamment en dénonçant sa volonté de briguer un troisième mandat. Mais ce que beaucoup n’oublient pas, c’est l’intensité avec laquelle elle critiquait Ousmane Sonko, pointant ses méthodes, son discours populiste et ses intentions politiques. Or, la voici aujourd’hui bras-dessus bras-dessous avec ce dernier, à la faveur d’un changement de pouvoir.
Un tel retournement interroge sur les motivations profondes de Mimi Touré. Peut-on passer si aisément du statut de contemptrice d’un homme politique à celui de sa proche collaboratrice, sans que cela ne laisse place au doute ? Si le discours de la « transcendance des egos » peut séduire dans la forme, il masque mal un opportunisme devenu presque banal dans la sphère politique sénégalaise. La justification selon laquelle le contexte imposait une union pour éviter l’effondrement du pays ne tient pas lorsqu’elle émane d’une actrice politique dont la parole a souvent été marquée par la versatilité.
Après avoir fustigé Ousmane Sonko sur plusieurs tribunes, Mimi Touré semble croire que l’électorat sénégalais est amnésique ou naïf. Or, la mémoire des peuples est plus longue qu’on ne le pense. Une telle volte-face ne peut que renforcer la méfiance des citoyens envers les élites politiques.
Si une personnalité ayant partagé les arcanes du pouvoir avec Macky Sall peut aujourd’hui traîner ce dernier dans la boue, alors aucun allié ne peut se croire à l’abri d’un tel retournement. Et Sonko le sait. Sa décision de l’exclure de la primature est sans doute le signe d’une méfiance fondée.
Dans d’autres contextes, les revirements politiques existent mais sont souvent encadrés par des justifications idéologiques claires, sincères et longuement mûries. En Allemagne, Angela Merkel a su évoluer politiquement sans renier ses principes initiaux. En France, même les ralliements les plus spectaculaires s’accompagnent d’un mea culpa structuré. Ce que Mimi Touré n’a jamais fait.
Le revirement de Mimi Touré au profit du Pastef pose une véritable question de fond sur l’éthique. En politique comme dans la vie, la cohérence et la fidélité aux convictions sont des gages de respect. Si cette dame pense qu’une personne dotée de raison va encore lui faire confiance après ses multiples volte-face, c’est qu’elle surestime sa capacité à manipuler l’opinion. En s’alliant à celui qu’elle a longtemps combattu, sans réelle autocritique, elle dessert autant la cause qu’elle prétend servir que la démocratie sénégalaise.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 01/08/2025
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