La récente plainte déposée par la chanteuse Mia Guissé contre le griot Ismaïla Mbaye pour détournement de tickets lors de son concert à Louga met en lumière une problématique trop souvent ignorée : l’abus de confiance et l’exploitation dont sont victimes les artistes, particulièrement les femmes, dans l’industrie musicale. Bien que cette affaire fasse encore l’objet d’une procédure judiciaire, de tels agissements, s’ils sont avérés, sont condamnables et symptomatiques d’un système où la loyauté envers les artistes est trop souvent reléguée au second plan.
Mia Guissé, artiste à la voix puissante et au parcours exemplaire, a récemment accusé Ismaïla Mbaye, connu pour son rôle de griot et son implication dans l’animation culturelle, d’avoir détourné un lot significatif de tickets destinés à son concert. Ce dernier a reconnu l’existence de la plainte tout en affirmant avoir contribué à la promotion de l’événement. Pourtant, la confiance accordée à une figure de proximité semble aujourd’hui se retourner contre l’artiste, au cœur d’un différend aux relents d’abus de confiance.
Ce type de situation n’est pas isolé. En Afrique de l’Ouest comme ailleurs, de nombreux artistes se retrouvent à gérer des litiges liés à la gestion opaque de leurs événements. Ces litiges prennent racine dans une industrie souvent peu structurée, où les contrats oraux, les ententes de principe et les amitiés mal définies prennent le pas sur les responsabilités légales et morales.
Dans le cas de Mia Guissé, la plainte vise un individu qu’elle aurait, semble-t-il, considéré comme allié. Cette confiance trahie est d’autant plus regrettable que les artistes féminines peinent déjà à se faire une place dans un milieu dominé par des rapports de force défavorables. L’implication de son propre frère dans la démarche judiciaire souligne la gravité des faits présumés.
Il est impératif de rappeler que la réussite d’un concert repose sur un équilibre fragile entre la création artistique et la gestion logistique. Le vol présumé de tickets s’apparente non seulement à un vol financier, mais également à une tentative de saboter le fruit du travail d’une artiste.
La posture défensive d’Ismaïla Mbaye, arguant avoir « promu le concert », ne suffit pas à justifier une quelconque gestion frauduleuse. Participer à la promotion ne donne aucun droit sur les bénéfices ou les outils de distribution. C’est précisément ce flou qui entretient la vulnérabilité des artistes dans ce genre de partenariat.
Cette affaire doit servir d’électrochoc pour rappeler que les artistes, femmes en particulier, doivent bénéficier de structures juridiques solides, de contrats clairs et de partenaires fiables. L’exploitation d’une figure féminine de la culture, sous couvert de proximité ou d’ancienneté, est inacceptable.
Des cas similaires d’exploitation dans l’industrie musicale ont été signalés au Nigeria, au Mali et même au Sénégal, où plusieurs artistes ont dénoncé la mauvaise gestion de leurs concerts ou la captation injustifiée de leurs revenus. Ces situations illustrent une réalité inquiétante : l’absence de professionnalisation, de transparence et de cadre réglementaire favorise les dérives. Les femmes, souvent confrontées au paternalisme et à des rapports de pouvoir déséquilibrés, en sont les premières victimes.
L’affaire Mia Guissé-Ismaïla Mbaye révèle une facette sombre de l’industrie musicale où les artistes, malgré leur talent, restent à la merci de comportements douteux. Le respect du travail artistique, la protection des droits et la responsabilisation des collaborateurs sont des impératifs. Il faut mettre fin à cette tolérance implicite envers l’exploitation sous couvert de tradition ou de fraternité.
Pour protéger nos artistes, exigeons plus de transparence, formons les jeunes à la gestion contractuelle et dénonçons systématiquement tout abus de confiance. Car si la culture est le miroir d’une société, il est urgent d’en polir les reflets les plus troubles.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Mariama Baldé.
Mis en ligne : 02/08/2025
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