« Il devenait irritable quand il perdait » : Vivre avec un parieur - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Eva | Publié le 05/08/2025 10:08:30

« Il devenait irritable quand il perdait » : Vivre avec un parieur

Je n’ai jamais cru qu’un jour je me sentirais en rivalité avec… un écran. Ce n’est ni une autre femme, ni un secret de famille, ni un passé douteux. Non, ma rivale s’appelle Parions Sport, PMU, Loto ou Betwinner. Depuis que j’ai épousé mon mari, c’est comme si nous étions trois dans cette union : lui, moi… et ses jeux d’argent.

Au début, je trouvais ça anodin. Un petit ticket par-ci, une discussion animée avec ses amis autour des cotes, un regard furtif sur les matchs en direct. Je me disais que c’était une simple passion masculine, une manière pour lui de décompresser après le travail. Après tout, on vit dans un pays où le football est roi, et où beaucoup rêvent de s’en sortir avec un bon pari.

Mais très vite, ce qui ressemblait à un simple loisir s’est transformé en obsession. Les soirées ne se passaient plus à discuter ou regarder un film ensemble, mais à suivre des matchs improbables entre des clubs inconnus du Kazakhstan ou de la Bolivie, juste parce qu’il avait misé dessus. Il devenait irritable quand il perdait, euphorique quand il gagnait, et souvent distrait dans la vie quotidienne. Les anniversaires oubliés, les factures impayées, les rendez-vous manqués : tout ça au nom d’un match ou d’une « grosse cote ».

Je me suis sentie mise de côté, comme une figurante dans ma propre vie de couple. J’ai tenté de discuter, d’alerter doucement, puis plus fermement. Mais il me disait que je dramatisais, que c’était son seul petit plaisir, que « demain, c’est sûr, je vais me refaire ».

Le pire, c’est que je voyais bien qu’il n’était pas le seul. Dans notre quartier à Pikine, dans les boutiques Orange Money, dans les dibiteries le soir, les discussions tournent presque toujours autour des paris. Des jeunes y laissent leur maigre revenu, certains empruntent même pour miser. Cette addiction rampante gangrène des foyers, sans que l’on ne prenne la mesure du problème.

Aujourd’hui, je ne veux pas diaboliser mon mari. Je l’aime toujours. Mais j’ai dû poser des limites. Pour notre bien, pour celui de nos enfants, j’ai exigé qu’il cherche de l’aide. Pas seulement pour lui, mais pour tous ceux qui comme lui, pensent que leur salut viendra d’un ticket gagnant.

Notre histoire à trois n’est pas finie. Elle est en pause, en réflexion. Mon souhait, c’est de retrouver l’homme que j’ai épousé. Celui qui me regardait dans les yeux, pas celui qui fixe une application mobile en espérant changer de vie.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 05/08/2025

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