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Le verdict très attendu des procès de Moustapha Diakhaté et Bachir Fofana est finalement tombé ce 30 juillet. Tous deux étaient poursuivis pour des propos jugés offensants envers le chef de l’État. Moustapha Diakhaté a écopé de trois mois de prison, dont 15 jours ferme, tandis que Bachir Fofana a été condamné à deux mois avec sursis, assortis d’une amende.
Pourtant, Moustapha Diakhaté avait déjà passé plus d’un mois en détention préventive, sans justification valable. Une situation pour le moins préoccupante. Cette décision de justice, bien que présentée comme équilibrée, révèle en réalité un glissement inquiétant vers la criminalisation de la parole critique dans notre pays.
Le contexte de cette affaire est révélateur d’un climat politique de plus en plus hostile aux voix dissidentes. Moustapha Diakhaté, comme tant d’autres figures publiques, a simplement exercé son droit fondamental à la liberté d’opinion. Il n’a ni appelé à la violence, ni menacé la sécurité nationale. Il s’est exprimé publiquement sur des sujets politiques, dans le cadre du débat démocratique. Pourtant, cela lui a valu une arrestation, une détention injustifiée et une condamnation qui laisse un goût amer.
Dans un État de droit digne de ce nom, la liberté d’expression est protégée, même et surtout lorsqu’elle dérange. La détention préventive abusive de Moustapha Diakhaté constitue une entorse grave aux principes de la justice équitable. Le fait qu’il ait purgé une peine supérieure à celle prononcée in fine par le tribunal illustre un dysfonctionnement inquiétant de notre appareil judiciaire.
La peine prononcée, trois mois dont 15 jours ferme, peut paraître modérée. Mais elle envoie un message lourd de conséquences : celui qu’exprimer une opinion critique envers les institutions peut vous conduire en prison. Même si la défense se dit soulagée, cette décision judiciaire participe à un climat de peur et de répression rampante.
Ce type de condamnation crée un dangereux précédent. En sanctionnant une opinion, la justice risque d’ouvrir la voie à une banalisation de l’emprisonnement pour des délits d’expression. C’est une pente glissante qui menace les acquis démocratiques chèrement obtenus.
Ce cas rappelle d’autres situations similaires dans la sous-région, où des figures publiques ou activistes ont été arrêtés pour des propos critiques. Au Bénin, Joël Aïvo, professeur de droit constitutionnel, a été incarcéré pour avoir contesté la légitimité du pouvoir. Au Tchad, plusieurs journalistes ont été emprisonnés pour avoir simplement couvert des manifestations. Ces cas démontrent une tendance autoritaire qui prend de l’ampleur en Afrique de l’Ouest.
Il devient urgent que les juges des libertés, au Sénégal comme ailleurs, réaffirment le rôle essentiel de la justice dans la protection des droits humains. Rien ne justifie l’emprisonnement d’un homme pour avoir exprimé une opinion politique dans une démocratie.
La justice ne doit pas être l’instrument d’une répression déguisée, mais le rempart contre les abus de pouvoir. Le cas de Moustapha Diakhaté doit servir d’alerte. Car lorsqu’on commence à punir les idées, on éteint peu à peu la flamme de la démocratie.
Le procès de Moustapha Diakhaté n’est pas qu’un fait divers judiciaire. Il cristallise une dérive inquiétante de la liberté d’expression au Sénégal. Derrière une peine symbolique se cache un message de dissuasion. Dans un pays qui se veut démocratique, priver un citoyen de sa liberté pour ses opinions est inacceptable. Il faut que les institutions réaffirment leur attachement aux droits fondamentaux et à la justice impartiale.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 07/08/2025
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