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Le 4 août dernier, dans un discours empreint de fermeté, le Premier ministre Ousmane Sonko a levé le voile sur un déséquilibre au sein de l’appareil d’État sénégalais : alors que le président de la République perçoit moins de 5 millions de francs CFA par mois, certains directeurs d’agences publiques émargent à plus de 30 millions. Cette aberration salariale, aussi flagrante qu’injustifiable, soulève une question essentielle de justice sociale et d’équité institutionnelle.
Le Sénégal traverse une phase critique de refondation politique et morale. Le nouveau régime, porté par une volonté de rupture, appelle à la rigueur, à la transparence et à la rationalisation des ressources publiques. Dans ce contexte, les révélations sur les écarts salariaux vertigineux entre les dirigeants élus et certains hauts fonctionnaires viennent heurter de plein fouet l’opinion publique. Plus qu’un simple problème budgétaire, c’est une question de justice, d’exemplarité et de confiance citoyenne.
Les propos du Premier ministre ne sont pas de simples dénonciations : ils constituent une alerte sur l’effondrement des principes républicains. Comment expliquer que des directeurs techniques, souvent peu visibles dans la vie publique, perçoivent jusqu’à sept fois le salaire du président élu au suffrage universel ? Ce déséquilibre non seulement ébranle l’ordre hiérarchique de l’État, mais remet aussi en cause la logique du service public. Le mérite, la compétence et la mission au service du peuple sont éclipsés par des rémunérations déconnectées de toute réalité sociale ou performance avérée.
Ces disparités alimentent un climat de méfiance généralisée envers les institutions. Comment demander des efforts à une population en difficulté quand ceux censés gérer les deniers publics se comportent en privilégiés ? Cette fracture salariale nourrit un sentiment d’injustice qui mine la cohésion sociale et attise le ressentiment.
La concentration de telles ressources dans les mains de quelques individus accentue l’inefficacité budgétaire de l’État. À l’heure où les écoles manquent de manuels, les hôpitaux de médicaments, et les routes d’entretien, les salaires à huit chiffres dans certaines directions paraissent obscènes.
L’argument selon lequel de tels salaires sont nécessaires pour attirer les compétences est devenu caduque. Car si compétence il y a, où sont les résultats ? Les surfacturations massives, la corruption systémique, les recrutements clientélistes et l’inefficacité chronique témoignent d’un échec global, malgré des traitements dorés.
Cette problématique n’est pas propre au Sénégal. En France, par exemple, le président perçoit environ 15 000 euros mensuels (moins de 10 millions CFA), alors que très peu de fonctionnaires dépassent ce seuil, à l’exception de quelques dirigeants de grandes entreprises publiques, toujours sous contrôle et justifications strictes. Dans d’autres pays africains, comme le Rwanda, le président Paul Kagame a imposé des réductions de salaires dans l’administration pour financer l’éducation et la santé. La logique de l’intérêt général y prime sur l’enrichissement personnel.
Les révélations du Premier ministre Sonko doivent être un électrochoc. Il n’est pas acceptable que ceux qui n’ont aucun mandat populaire s’enrichissent grassement sur le dos des contribuables, pendant que le pays ploie sous les inégalités. Ces écarts de salaire sont une insulte à la dignité nationale et à l’esprit républicain. Il faut y mettre un terme. Le rééquilibrage des rémunérations, la transparence et la reddition des comptes doivent redevenir les piliers de l’administration. L’État ne peut plus être une vache à lait pour une minorité. Il doit redevenir le garant de l’équité et de la justice pour tous.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 11/08/2025
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