Le 25 juillet dernier, l’arrestation à Beyrouth de Nazih Marwan Al-Azzi, un jeune influenceur gabonais d’origine libanaise, a jeté une lumière crue sur les failles du pouvoir gabonais. Accusé d’avoir exigé six milliards de francs CFA en échange de la non-divulgation de vidéos et d’audios compromettants impliquant le président Brice Clotaire Oligui Nguema, ce jeune homme de 25 ans a, en quelques jours, semé un vent de panique au sommet de l’État.
Loin d’être une simple affaire de chantage, ce scandale révèle surtout l’extrême fragilité d’un régime qui vacille à la moindre secousse.
Depuis son arrivée au pouvoir à la faveur d’un coup d’État en août 2023, le général Oligui Nguema tente de s’imposer comme un président de la transition, porteur de réformes. Mais l’affaire Nazih vient brutalement démontrer que, derrière les discours de refondation, le pouvoir gabonais demeure fébrile. Si un influenceur sans mandat ni fonction officielle peut menacer de « faire tomber le pays », c’est qu’il existe au sommet de l’État des vulnérabilités profondes, voire compromettantes.
Certes, le comportement de Nazih Marwan Al-Azzi s’apparente à du chantage, et il devra en répondre devant la justice. Mais la vraie question est ailleurs : comment un simple civil a-t-il pu accéder à des enregistrements privés avec le chef de l’État ? Pourquoi une communication si sensible a-t-elle été aussi mal protégée ? La sécurité présidentielle et la gestion de l’image du pouvoir ont montré ici des signes graves de défaillance. Un État bien gouverné ne se laisse pas manipuler par un influenceur. Ce n’est pas Nazih qui inquiète, mais ce qu’il sait.
Au lieu de répondre avec fermeté, pédagogie et transparence, le pouvoir gabonais a semblé céder à la peur. L’interpellation de Nazih au Liban, puis les manœuvres pour obtenir son extradition, montrent une précipitation inhabituelle. Toute la communication de l’État s’est retrouvée mobilisée contre un jeune homme de 25 ans. Cet acharnement ne fait que renforcer l’impression d’un régime aux abois, davantage préoccupé par l’étouffement de scandales que par la gouvernance effective du pays.
Le Gabon n’est pas le seul pays africain où les dérives du pouvoir sont dévoilées par des acteurs extérieurs : on se souvient des révélations d’activistes ou d’anciens proches du pouvoir en Guinée équatoriale, au Tchad ou en RDC. Mais ce qui distingue l’affaire Nazih, c’est le renversement total des rôles : ici, ce n’est pas un opposant politique, ni un média d’investigation, mais un influenceur qui, à lui seul, déstabilise l’édifice présidentiel. Un fait sans précédent.
L’affaire Nazih Marwan Al-Azzi n’est pas seulement une histoire de chantage. Elle révèle un pouvoir qui a perdu le contrôle de sa propre communication, de sa sécurité, et peut-être même de sa légitimité. Quand un influenceur peut ébranler tout un régime, ce n’est pas lui qu’il faut craindre, mais les fondations de l’État qu’il met à nu. Le Gabon, une fois de plus, donne au monde l’image d’un État vulnérable, où l’apparence d’autorité masque une réalité de désordre institutionnel. Une situation intenable à long terme.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 11/08/2025
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