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En juin dernier, le Rwanda et les États-Unis ont signé un accord permettant à Washington d’expulser jusqu’à 250 migrants vers Kigali. Officiellement, cette collaboration repose sur des « valeurs de réintégration » chères au Rwanda. Officieusement, elle illustre une tendance inquiétante : celle d’un pays riche et influent qui se décharge de ses responsabilités morales et juridiques sur des nations tierces, au détriment des droits humains fondamentaux.
Le contexte mondial des migrations est complexe, certes. Les flux migratoires vers les États-Unis s’intensifient, portés par les conflits, les catastrophes climatiques et les inégalités économiques. Mais la réponse américaine, expulser des migrants vers des pays avec lesquels ils n’ont aucun lien culturel ou familial, est indigne de sa position de leader mondial et va à l’encontre des principes du droit international en matière d’asile. Ce n’est pas un simple partenariat logistique, c’est une externalisation calculée et préoccupante.
Sur le papier, le Rwanda promet un accompagnement complet : soins de santé, logement, formation professionnelle. Mais peut-on réellement croire qu’un pays dont les ressources restent limitées puisse, à long terme, absorber des migrants rejetés par une puissance mondiale ? Peut-on ignorer que ces individus, déjà fragilisés, risquent d’être coupés de leurs repères, isolés dans un pays étranger, sans attaches, ni avenir clair ? L’histoire récente nous a montré que de tels accords, comme celui du Royaume-Uni avec Kigali, ont souvent soulevé des préoccupations éthiques et juridiques majeures, sans apporter de réponses durables.
Les États-Unis disposent des infrastructures, des institutions et des moyens humains pour traiter les demandes d’asile avec dignité. En choisissant d’externaliser cette gestion à des pays du Sud, ils envoient un signal troublant : les réfugiés et migrants seraient un fardeau dont il faut se débarrasser, quitte à déléguer leur sort à d’autres. Cette logique pourrait bien faire école, et inciter d’autres puissances à suivre le même chemin : une Europe plus frileuse, une Australie déjà coutumière du fait. Ce serait le début d’une nouvelle ère de déshumanisation des migrations.
L’idée de sous-traiter la gestion migratoire à des pays tiers n’est pas neuve, mais elle s’est toujours heurtée à des critiques solides : éloignement des juridictions compétentes, opacité sur les conditions d’accueil, atteintes aux droits fondamentaux. En légitimant cette pratique, les États-Unis risquent de banaliser une méthode qui transforme des êtres humains en colis diplomatiques, négociables au gré des alliances stratégiques.
Le partenariat entre les États-Unis et le Rwanda est moins un geste humanitaire qu’un renoncement politique. Il reflète une vision du monde où les plus puissants échappent à leurs devoirs, tandis que les plus vulnérables paient le prix. On doit inverser cette logique. L’accueil des migrants n’est pas une faveur que l’on délègue : c’est un devoir universel. Le monde ne doit pas s’habituer à cette fuite de responsabilité. Il doit, au contraire, exiger des nations les plus influentes qu’elles montrent l’exemple, en humanité, en solidarité et en justice.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Mouhamed Dramé.
Mis en ligne : 13/08/2025
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