Je m’appelle Aïssatou, j’ai 31 ans et je vis à Dakar. Ce que je m’apprête à partager ici, je ne l’ai jamais confié à personne, même pas à mes amies les plus proches. Je vis avec un lourd secret, une réalité difficile à porter et encore plus difficile à fuir.
Depuis mes 21 ans, mon père s’oppose à toutes mes relations amoureuses. Pourtant, à l’époque, j’avais un petit ami sérieux. Il travaillait dans une entreprise reconnue, avait une situation stable, et souhaitait m’épouser. Nous étions heureux. Mais mon père a tout fait pour rendre cette union impossible : exigences exagérées, rendez-vous annulés, humiliations… jusqu’à ce que mon copain renonce. Aujourd’hui, il est marié à une autre, il a réussi dans la vie et il est devenu une personnalité influente. Je ne l’ai jamais oublié.
D’autres prétendants sont venus. Des hommes bien, sincères. Mais à chaque fois, mon père les a rejetés. Sans raison valable. Il n’a jamais voulu que je quitte la maison. Je pensais au début qu’il était simplement trop protecteur, mais la vérité est bien plus sombre.
Ma mère est partie vivre à l’étranger quand j’étais adolescente. Je croyais qu’elle nous avait abandonnés. Ce n’est que récemment que j’ai appris que c’est mon père qui l’avait chassée, volontairement. Pour lui, elle était un obstacle. Un obstacle à ce qu’il considérait comme « son bonheur ».
Car depuis plusieurs années, j’entretiens une relation avec lui. Oui, je sais, c’est impensable. Je n’ai jamais donné mon consentement au début. C’était une emprise, une domination psychologique et affective. Il disait que j’étais « sa vraie femme », « son unique amour », « son héritière ». Il possède beaucoup de biens, il subvient à tous mes besoins. Il m’a isolée du monde, m’a enfermée dans une prison dorée.
J’ai deux enfants. Officiellement, ils n’ont pas de père. Je n’en peux plus de vivre dans le mensonge, dans cette relation interdite. Je rêve d’une vie normale, d’un mari, d’un foyer, d’une liberté. Mais je ne sais pas comment m’en sortir. J’ai pensé tout laisser : les enfants, les biens, la maison… et partir loin, très loin.
Mais est-ce vraiment la meilleure solution ? Est-ce que fuir suffira à me libérer de cette emprise ? Est-ce que je ne vais pas reproduire ce schéma de silence et de honte ailleurs ?
Je ne cherche pas à ce qu’on me juge. Je cherche de l’aide. Je veux reconstruire ma vie, redonner un sens à mon existence, offrir un avenir meilleur à mes enfants. Aujourd’hui, je parle. Pour la première fois. Parce que me taire, c’est continuer à mourir à petit feu.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 13/08/2025
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