« Je ne l’aime pas » : Le fardeau d’un choix imposé - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Confidence | Par Eva | Publié le 14/08/2025 10:08:30

« Je ne l’aime pas » : Le fardeau d’un choix imposé

J’écris aujourd’hui pour me libérer d’un poids que je porte depuis trop longtemps. Je suis une jeune femme sénégalaise, mariée depuis plusieurs années, mais contre ma volonté. Une vie que je n’ai pas choisie, dictée par les décisions de ma mère, les pressions familiales, et les normes sociales encore bien trop lourdes pour une femme dans notre pays.

Tout a commencé en 2019. J’avais 25 ans. Lors de funérailles familiales, nos deux mères la mienne et celle d’un cousin éloigné se sont rencontrées. Elles ont discuté, échangé, puis envisagé un possible mariage entre moi et ce garçon. Ce jour-là, sans que je le sache, ma vie allait basculer.

Le garçon en question n’était même pas intéressé au début. Il n’avait même pas mon numéro, refusait toute initiative. Mais malgré cela, nos mères ont insisté. Les semaines suivantes, ma mère me mit une pression constante. Quand je refusais, elle disait que je faisais « la fille arrogante », que je pensais être au-dessus des autres. Elle avait déjà tout organisé. Pour elle, c’était une bonne alliance familiale. Mon avis ? Il n’était pas demandé.

Un an plus tard, elle m’a envoyé dans son village pour le mariage. J’ai tout tenté pour fuir, mais on me ramenait toujours. Les gens parlaient, me cherchaient, me critiquaient. Le poids du regard social était insoutenable. Alors j’ai fini par céder. J’ai accepté une union que mon cœur rejetait.

Pendant quatre longues années, je n’ai pas vécu dans mon foyer conjugal, mais dans la maison maternelle. Quatre années de souffrance, de maladies psychosomatiques, de désespoir silencieux. Mon corps rejetait cette vie, mon esprit s’effondrait.

Puis un jour, cet homme est revenu au Sénégal. Il m’a trouvée épuisée, mais soumise. Nous avons eu un rapport et je suis tombée enceinte. C’est ce jour-là que j’ai compris l’ampleur de mon mal-être. Porter un enfant dans ces conditions… ce n’était pas un miracle, c’était une tragédie silencieuse.

Aujourd’hui, je suis mère. Et pourtant, je suis toujours seule. Il ne m’aime pas, je ne l’aime pas. Nous ne communiquons pas. Quand je lui montre notre enfant, il reste distant. Je me sens comme une étrangère dans mon propre destin. Je vis une douleur quotidienne. Une douleur qu’on ne voit pas, mais qui me dévore.

Je suis en colère contre ma mère, contre sa mère, contre ce système qui décide pour nous, femmes, comme si nous étions des marchandises à échanger.

Je ne demande pas la pitié. Juste que l’on comprenne qu’imposer un mariage, ce n’est pas préserver l’honneur. C’est briser des vies.

À toutes celles qui vivent ce genre de situation, sachez que vous n’êtes pas seules. Un jour, nos voix feront assez de bruit pour qu’on n’ignore plus nos douleurs.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 14/08/2025

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