Un État qui ne tient jamais parole : Cycle sans fin de crises - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Justice | Par Eva | Publié le 13/08/2025 02:08:15

Un État qui ne tient jamais parole : Cycle sans fin de crises

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Le 6 août 2025, l’entente SYTJUST-UNTJ a annoncé la suspension de son mot d’ordre de grève, engagé depuis le 18 juin. Ce geste, présenté comme un signe d’ouverture et de bonne foi envers le gouvernement, vise à favoriser la reprise du dialogue. Si, en surface, cette décision semble apaisante, elle révèle surtout une mécanique bien connue : un cycle sans fin de crises sociales étouffées par des promesses éphémères.

Cette suspension est une erreur stratégique face à un État qui a depuis trop longtemps perdu toute crédibilité en matière de respect de ses engagements.

Depuis des années, le secteur de la justice au Sénégal est régulièrement secoué par des grèves. Les revendications sont récurrentes : meilleures conditions de travail, application des accords signés, amélioration du statut des travailleurs. Chaque mouvement s’inscrit dans un schéma identique : grève, négociations, engagements, puis… oubli. Pendant ce temps, les justiciables trinquent et les travailleurs, malgré leur constance, se heurtent à l’indifférence de l’État.

L’article factuel rapporte avec sobriété la suspension du mot d’ordre de grève. Il mentionne le contexte de paralysie partielle du service public de la justice et la volonté des syndicats de « donner une chance » aux négociations. Mais cette décision s’apparente davantage à une trêve naïve qu’à une avancée stratégique. Rien dans le comportement antérieur des autorités ne permet de croire que la situation changera par simple bonne volonté.

L’histoire sociale récente du Sénégal abonde en exemples de protocoles d’accord signés puis laissés lettre morte. L’État s’illustre par une gestion à court terme des conflits, misant sur l’essoufflement des mouvements ou les concessions de façade pour calmer les tensions. Le problème n’est pas la fréquence des grèves, mais bien l’incapacité chronique des autorités à respecter leur parole. Cette forme de mépris silencieux mine profondément la confiance entre les syndicats et le gouvernement.

Suspendre une grève sans garanties solides, c’est accorder un blanc-seing à un interlocuteur dont l’historique trahit l’amateurisme ou la duplicité. En acceptant de lever leur mot d’ordre, les syndicats prennent le risque d’un retour à la case départ dans quelques semaines, lorsque les promesses non tenues referont surface. Ce n’est pas le dialogue qui manque, mais une rigueur dans le suivi et la mise en œuvre des accords. L’expérience a prouvé que les annonces officielles sont souvent vidées de leur substance une fois l’émotion passée.

Il est temps de rompre avec cette logique de gestion au jour le jour. Ce qu’il faut, c’est un changement de méthode : transparence des négociations, publication des accords signés, calendriers contraignants d’application et mécanisme de reddition des comptes. Sans cela, la gouvernance reste au service de l’immobilisme et de la défiance.

Des pays comme le Maroc ou le Ghana ont connu des crises similaires, mais certains ont mis en place des observatoires de suivi social ou des organes indépendants chargés de veiller à la bonne exécution des engagements. Ces mécanismes ont permis, sinon de prévenir les grèves, du moins de restaurer une part de confiance dans le dialogue social.

La suspension de la grève dans le secteur de la justice n’est pas une victoire. C’est une pause fragile, peut-être même une capitulation provisoire, face à un État qui a trop souvent déçu. Il ne s’agit plus d’attendre, mais d’exiger une refonte complète des pratiques de gouvernance sociale. Car ce n’est pas au mouvement syndical de faire preuve de patience : c’est à l’État d’honorer, enfin, ses engagements.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 13/08/2025

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