La Guinée-Bissau joue avec le feu : Un scénario catastrophe se répète ? - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 16/08/2025 01:08:00

La Guinée-Bissau joue avec le feu : Un scénario catastrophe se répète ?

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Le 8 août dernier, Braima Camará a prêté serment comme nouveau Premier ministre de Guinée-Bissau, succédant à Rui Duarte de Barros, limogé à peine quelques mois avant les élections présidentielle et législatives prévues le 23 novembre. À cette occasion, le président Umaro Sissoco Embaló a annoncé sa candidature à un second mandat, mais en indépendant, sans le soutien officiel d’aucun parti politique.

Si cette annonce officielle semblait marquer un nouveau départ, il est impératif d’adopter un regard critique sur ces décisions. Nous affirmons qu’en pleine période électorale, remplacer un gouvernement dans un pays déjà fragile est un acte à haut risque qui menace la tenue d’élections crédibles et la stabilité politique.

La Guinée-Bissau est depuis longtemps un pays marqué par des crises politiques récurrentes, des coups d’État, et une instabilité institutionnelle chronique. Le fragile équilibre démocratique, encore récemment remis en cause, ne peut se permettre de nouvelles secousses. Dans ce contexte, la nomination de Braima Camará, certes prometteuse sur le papier, arrive à un moment où la continuité administrative est cruciale. Organiser des élections transparentes requiert une administration stable, des acteurs politiques apaisés, et une confiance du peuple dans les institutions.

Or, remplacer le gouvernement sortant à seulement trois mois des élections soulève de sérieux doutes. Ce changement brutal peut perturber la préparation du scrutin et fragiliser le travail des institutions, notamment la Commission électorale. L’ancien Premier ministre, bien que décoré pour sa « mission de stabilisation », est remplacé dans un contexte qui laisse planer une incertitude majeure. Embaló, en se déclarant candidat indépendant, cherche à échapper au poids des partis tout en jouant sur leurs divisions, ce qui alimente davantage la recomposition politique confuse et risquée. Ce positionnement politique ambigu, loin d’être un gage de transparence, est surtout une stratégie pour concentrer le pouvoir et diviser ses opposants.

Les précédents africains abondent pour confirmer ce constat : des élections organisées sous tension, avec des changements de gouvernement de dernière minute, ont souvent débouché sur des contestations post-électorales, voire des crises majeures. En Côte d’Ivoire en 2010, par exemple, la gestion chaotique des élections a mené à une guerre civile. Au Mali, la fragilité des institutions a favorisé coups d’État et instabilité chronique. La Guinée-Bissau, avec son histoire de gouvernements instables, risque fort de connaître un scénario similaire si elle ne met pas en place des mesures sérieuses pour garantir un scrutin serein.

Par ailleurs, l’argument d’Embaló selon lequel il ne veut « pas être otage » des partis politiques sonne creux face à la réalité du terrain. La démocratie ne peut prospérer que par un dialogue apaisé entre forces politiques, une séparation claire des pouvoirs, et un engagement commun pour l’intérêt national. S’exclure officiellement de ce dialogue, c’est ouvrir la porte à des dérives autoritaires et à une concentration du pouvoir qui affaiblit la démocratie naissante.

La décision d’Embaló de remplacer son gouvernement à quelques mois des élections et d’annoncer une candidature indépendante est une stratégie politique risquée qui menace l’équilibre institutionnel et la tenue d’élections transparentes. Plutôt que d’apaiser la scène politique, elle risque d’exacerber les tensions dans un pays où la stabilité est déjà précaire. La Guinée-Bissau mérite un processus électoral crédible, reposant sur des institutions solides et un climat politique apaisé.

Le peuple bissau-guinéen ne peut se permettre de revivre les errances du passé. Il est urgent que les acteurs politiques adoptent une démarche responsable, garantissant la paix et la démocratie. Nous restons donc sceptiques quant à la capacité du nouveau gouvernement à mener à bien cette mission cruciale dans les conditions actuelles.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Anonyme.
Mis en ligne : 16/08/2025

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