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Récemment, les autorités maliennes ont procédé à une vague d’arrestations sans précédent au sein de l’armée, ciblant au moins 55 militaires dont deux généraux, suspectés de vouloir renverser la junte en place. Cette série d’arrestations, qui s’inscrit dans un contexte de restrictions sévères des libertés et de violences jihadistes persistantes, révèle une fois de plus l’incapacité chronique de la junte à stabiliser le Mali et à instaurer une gouvernance efficace. Ce constat, déplorable mais nécessaire, doit nous inviter à un regard lucide sur l’avenir de ce pays en proie aux troubles.
Depuis le double coup d’État de 2020 et 2021, le Mali, pays sahélien aux défis sécuritaires immenses, traverse une crise politique et militaire sans précédent. La junte dirigée par le président Assimi Goïta, loin d’apporter une solution durable, semble au contraire cristalliser les tensions internes. Cette dernière vague d’arrestations, qui vise principalement la garde nationale, le corps militaire d’où provient le ministre de la Défense, témoigne de divisions profondes au sein même de l’armée.
L’arrestation de figures respectées comme le général Abass Dembélé ou la générale de brigade Nema Sagara met en lumière un climat de suspicion et de répression qui dépasse le simple cadre sécuritaire.
L’analyse de cette situation démontre que la junte, plutôt que de s’appuyer sur la cohésion nationale, gouverne par la peur et la répression interne, sans clarifier les accusations portées contre ces militaires. Le silence officiel autour de ces arrestations ajoute à l’opacité, nourrissant les spéculations et inquiétudes quant à la nature réelle des tensions. Il ne s’agit plus uniquement d’une lutte contre des prétendus putschistes, mais d’une manifestation éclatante de la fragilité du pouvoir en place. En effet, comme le souligne le sociologue malien Oumar Maïga, « les militaires ont du mal à maîtriser la situation » ; cette phrase résume à elle seule l’échec de la junte à garantir la stabilité dans un pays déchiré par des conflits armés et des violences extrêmes.
Par ailleurs, le recours à des mercenaires russes d’Africa Corps, dénoncés pour des exactions contre des civils, ainsi que le tournant géopolitique vers la Russie au détriment des partenaires traditionnels occidentaux, illustrent un choix politique controversé et risqué. Ce virage semble davantage motivé par un souverainisme mal calibré que par une véritable stratégie de sortie de crise. Cette démarche alimente le doute sur la capacité réelle de la junte à redresser la situation et à restaurer la confiance au sein des populations maliennes.
L’expérience malienne rappelle malheureusement d’autres situations en Afrique où les coups d’État successifs n’ont fait que plonger les pays dans un cycle infernal d’instabilité politique et sociale. Au Burkina Faso ou en Guinée, les transitions militaires ont également montré leurs limites, échouant à restaurer la paix et à promouvoir une gouvernance démocratique. Le Mali ne fait pas exception à cette règle, et les récentes arrestations ne sont qu’un symptôme supplémentaire d’une crise institutionnelle profonde.
Face à ce constat alarmant, il est impératif que la communauté internationale, mais surtout les Maliens eux-mêmes, cessent de fermer les yeux sur les dérives d’un régime qui, sous couvert de lutte contre le terrorisme, fragilise davantage l’État. La junte doit être clairement tenue responsable de son incapacité à garantir sécurité, justice et développement. Plutôt que de s’acharner à réprimer l’intérieur, elle devrait se consacrer à bâtir des institutions solides, promouvoir la réconciliation nationale et répondre aux attentes légitimes de la population.
Cette nouvelle crise au sein de l’armée malienne est le signe tangible d’un pouvoir en déroute, incapable d’assurer la stabilité et la bonne gouvernance. Le cycle des coups d’État et des arrestations arbitraires est un poison pour le Mali, qui mérite mieux qu’une succession de régimes militaires en proie à leurs propres divisions. Il est urgent d’appeler à une transition véritablement inclusive et démocratique, pour rompre avec ce cercle vicieux et offrir au Mali un avenir de paix et de prospérité. La junte doit cesser de jouer avec l’avenir de son pays et prendre enfin ses responsabilités face à la gravité de la situation.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Idriss Sissoko.
Mis en ligne : 15/08/2025
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