Affaires non résolues : Le cas récurrent des élites maliennes - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Afrique | Par Eva | Publié le 20/08/2025 01:08:00

Affaires non résolues : Le cas récurrent des élites maliennes

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L’information a fait l’effet d’un coup de tonnerre : l’ancien Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga a été placé en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour des malversations financières présumées liées à la gestion de l’Agence de gestion du fonds d’accès universel (AGEFAU) entre 2020 et 2023.

Ce fait, relayé officiellement par son avocat, est certes une première dans la mise en examen d’un homme politique de ce calibre, mais il soulève surtout une question essentielle : s’agit-il d’une réelle volonté de justice ou d’une simple manœuvre politique destinée à apaiser l’opinion publique ? Cette garde à vue illustre une fois de plus la récurrence d’un système où les élites politiques et militaires échappent systématiquement à la justice au Mali.

Depuis plusieurs années, les Maliens assistent, impuissants, à une série d’affaires de corruption impliquant d’anciens ministres, généraux ou hauts responsables, qui finissent souvent classées sans suite ou étouffées dans l’œuf. Citons, par exemple, les dossiers autour d’anciens ministres des Finances ou de la Défense, ainsi que certains généraux proches des sphères du pouvoir, dont les accusations graves n’ont jamais abouti à des procès publics. Ce manque de suivi judiciaire nourrit un climat de défiance et d’injustice, où les plus puissants semblent intouchables.

L’arrestation de Choguel Maïga, symbole fort de l’autorité gouvernementale et de la transition malienne, ne fait donc que renforcer l’ironie de la situation. Placé en garde à vue alors qu’il était aux commandes du gouvernement sous la junte militaire d’Assimi Goïta, son cas soulève la question de la sincérité de la démarche. Est-ce une véritable volonté de transparence ou un geste ponctuel pour calmer une opinion publique déjà lassée par les scandales et la faiblesse des institutions judiciaires ?

Cette interrogation est d’autant plus légitime que les institutions judiciaires maliennes sont régulièrement perçues comme instrumentalisées, souvent utilisées à des fins politiques plutôt que pour servir l’intérêt général. Le manque d’indépendance, le retard dans les procédures, ainsi que la faiblesse des enquêtes contribuent à cette défiance grandissante. Le peuple malien est en droit de se demander si ce placement en garde à vue débouchera réellement sur un procès équitable et une condamnation, ou si ce sera encore une fois un épisode sans lendemain.

Dans plusieurs pays africains confrontés à des affaires de corruption au plus haut niveau, on observe le même phénomène : les élites échappent à la justice, ou bien les poursuites sont utilisées de façon sélective pour des raisons politiques. Ce climat général d’impunité affecte la démocratie, alimente la frustration populaire et freine le développement.

Si la mise en garde à vue de Choguel Maïga est présentée comme un signe d’ouverture et de justice, elle s’inscrit malheureusement dans une longue liste d’affaires similaires restées sans suite au Mali. Ce fait illustre davantage la persistance d’un système où les responsables politiques et militaires se soustraient aux exigences de la justice, contribuant à creuser le fossé entre les institutions et les citoyens.

Le Mali mérite une justice véritablement indépendante et transparente, capable de restaurer la confiance et de mettre fin à cette culture d’impunité qui plombe son avenir.

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ouedraogo.
Mis en ligne : 20/08/2025

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