« Elle me gêne personnellement » : Un ancien député préfère le silence - Notre Continent
> NOTRE CONTINENT > - Politique | Par Eva | Publié le 20/08/2025 03:08:30

« Elle me gêne personnellement » : Un ancien député préfère le silence

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L’ancien député Babacar Abba Mbaye a récemment exprimé son opposition catégorique au projet de loi sur la protection des lanceurs d’alerte, arguant qu’un cadre juridique suffisant existait déjà au Sénégal. Selon lui, cette nouvelle loi serait superflue, voire dangereuse, car elle pourrait encourager une culture de la délation difficile à contrôler. Tout en se montrant plus favorable à d’autres initiatives gouvernementales, comme la déclaration de patrimoine ou la création de l’OFNAC, son rejet ferme du projet sur les lanceurs d’alerte révèle une pensée politique malheureusement figée et déconnectée des enjeux contemporains du pays.

Le Sénégal est régulièrement secoué par des scandales de corruption, qu’il s’agisse d’affaires touchant des hauts responsables publics ou d’irrégularités dans la gestion des fonds publics, il est impératif d’adapter le cadre légal pour mieux protéger ceux qui osent dénoncer ces pratiques. Babacar Abba Mbaye, en s’appuyant sur des références classiques telles que Montesquieu ou Senghor, illustre un attachement respectueux mais rigide à des modèles dépassés. Or, la société sénégalaise du XXIe siècle fait face à des défis nouveaux qui requièrent une législation renouvelée, évolutive, et adaptée à la complexité de la gouvernance moderne.

Son argument selon lequel la loi sur les lanceurs d’alerte « grossirait les traits » traduit une méconnaissance des mécanismes contemporains de transparence et de redevabilité. En réalité, les lanceurs d’alerte sont des acteurs essentiels dans la lutte contre la corruption et les abus de pouvoir, à l’image de nombreux pays démocratiques où cette protection légale est un pilier de l’équilibre institutionnel. Refuser d’accorder une protection spécifique à ces individus, c’est maintenir un système qui privilégie le silence et le statu quo, au détriment d’une société plus juste.

Par ailleurs, la peur exprimée de voir « une boîte de Pandore » s’ouvrir est un argument rhétorique récurrent mais infondé. Dans les démocraties avancées, cette crainte a été levée par des dispositifs encadrés qui protègent à la fois le lanceur d’alerte et évitent les abus. Ne pas évoluer sur ce plan revient à condamner le pays à rester prisonnier des vieux schémas où la dénonciation est assimilée à de la délation malveillante.

Dans de nombreux pays, des lois spécifiques sur les lanceurs d’alerte ont permis de révéler des scandales majeurs et de renforcer la responsabilité publique. Par exemple, en France, la loi Sapin II a instauré un cadre protecteur qui encourage la dénonciation des actes de corruption. Des pays africains comme le Ghana ou le Botswana, où la protection des lanceurs d’alerte a été intégrée dans un cadre légal clair, contribuant à améliorer la transparence et à renforcer la confiance des citoyens envers leurs institutions. Le Sénégal, en refusant de s’engager pleinement dans cette voie, risque de rester à la traîne, au détriment de sa crédibilité démocratique.

Il est regrettable que des figures politiques telles que Babacar Abba Mbaye, par leur attachement à des références dépassées et leur refus du changement, contribuent à maintenir un système inadapté aux défis actuels. La protection des lanceurs d’alerte est une avancée nécessaire pour lutter efficacement contre la corruption et promouvoir la bonne gouvernance. Le Sénégal gagnerait à dépasser les peurs archaïques et à embrasser pleinement les réformes qui s’imposent, au bénéfice de sa société et de son avenir démocratique. Comment envisager le progrès si ses élites politiques restent enfermées dans les modèles du passé ?

Article opinion écrit par le créateur de contenu : Pape Fall.
Mis en ligne : 20/08/2025

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