Les opinions exprimées dans cet article sont celles d’un contributeur externe. NotreContinent.com est une plateforme qui encourage la libre expression, la diversité des opinions et les débats respectueux, conformément à notre charte éditoriale « Sur NotreContinent.com chacun est invité à publier ses idées »
Le 12 août 2025, le gouvernement gabonais a annoncé l’interdiction pour les étrangers d’exercer certaines activités économiques dites « de proximité ». Cette décision, prise dans le cadre du Conseil des ministres, vise officiellement à renforcer la souveraineté économique et à promouvoir l’entrepreneuriat national, en particulier chez les jeunes et les femmes. Les activités concernées vont de la réparation de téléphones et de petits appareils électroniques à la coiffure de rue, en passant par l’orpaillage artisanal non autorisé et certaines formes de commerce en ligne. Une période transitoire et un accompagnement des collectivités locales sont prévus pour faciliter la mise en œuvre de cette mesure.
À première vue, cette initiative peut sembler légitime. Elle répond à un souhait de protéger les micro-entrepreneurs locaux et de limiter la concurrence perçue comme déloyale. Toutefois, derrière cette apparente protection se cache un certain nombre de risques économiques et sociaux qui méritent d’être analysés.
Tout d’abord, cette décision semble ignorer la réalité de la dépendance économique. De nombreuses activités désormais interdites aux étrangers sont exercées par eux précisément parce que de nombreux Gabonais manquent de moyens financiers ou de formation pour les reprendre. Les intentions du gouvernement, telles que la simplification des procédures de formalisation, le soutien technique et fiscal, ainsi que l’accès facilité au financement, sont louables. Cependant, elles risquent d’être insuffisantes face à l’ampleur du défi. Sans un accompagnement concret et structuré, qui sera réellement capable de remplacer les opérateurs étrangers et d’assurer la continuité des services ?
Ensuite, l’impact sur les consommateurs ne peut être sous-estimé. Les services interdits, comme la réparation de téléphones ou l’envoi d’argent, sont essentiels pour une grande partie de la population. Leur restriction pourrait entraîner une hausse des prix et réduire l’accessibilité, touchant particulièrement les ménages les plus modestes. Une politique qui se veut protectrice pourrait, en réalité, pénaliser ceux qu’elle prétend avant tout soutenir.
Par ailleurs, cette mesure risque de freiner l’innovation et de limiter le dynamisme entrepreneurial. Le commerce en ligne et les nouvelles formes d’entrepreneuriat ont souvent été stimulés par la présence d’acteurs étrangers. Les exclure pourrait isoler le Gabon, ralentir l’adoption de nouvelles technologies et limiter la diversité des services disponibles sur le marché local. Dans un contexte mondial où l’économie est de plus en plus interconnectée, ces interdictions envoient un signal de fermeture, peu attractif pour les investisseurs et peu propice au développement durable.
Enfin, cette initiative apparaît contradictoire avec les tendances de la mondialisation. Plutôt que de renforcer l’économie locale, elle risque d’affaiblir la compétitivité du Gabon et d’envoyer un message négatif aux partenaires étrangers. Une politique trop restrictive pourrait réduire les flux d’investissements, freiner la création d’emplois et limiter les opportunités pour les jeunes entrepreneurs gabonais.
Si la volonté de protéger l’économie locale est compréhensible, cette interdiction des activités de proximité aux étrangers illustre davantage une illusion économique qu’une véritable solution. Sans un accompagnement efficace et une stratégie inclusive, cette mesure pourrait affaiblir l’économie gabonaise plutôt que de la renforcer. Plutôt que de fermer ses portes aux acteurs étrangers, le Gabon gagnerait à investir dans la formation, le financement et le soutien concret de ses citoyens pour qu’ils puissent réellement occuper ces activités et contribuer au développement durable du pays.
Article opinion écrit par la créatrice de contenu : Amandine Sokko.
Mis en ligne : 18/08/2025
—
La plateforme NOTRECONTINENT.COM permet à tous de diffuser gratuitement et librement les informations et opinions provenant des citoyens. Les particuliers, associations, ONG ou professionnels peuvent créer un compte et publier leurs articles Cliquez-ici.





