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La récente annonce de la Commission électorale indépendante (CEI) fixant les élections législatives au 27 décembre suscite de sérieuses interrogations. Officiellement présentée comme une simple planification, cette décision révèle en réalité des choix politiques précipités et un mépris inquiétant pour les principes d’une élection libre et transparente. Les conditions actuelles en Côte d’Ivoire ne permettent pas l’organisation crédible de ces législatives.
Le mandat des députés expirant le 31 décembre 2025, la CEI propose donc un calendrier extrêmement resserré, laissant à peine trois semaines avant la fin officielle du mandat. Cette annonce intervient dans un contexte où l’opposition et la société civile dénoncent depuis des années le manque de transparence et la politisation des processus électoraux. Les précédentes révisions des listes électorales ont été marquées par un faible engouement et un désintérêt manifeste de la population, reflétant une confiance érodée dans le système.
Le calendrier choisi ne permet tout simplement pas d’effectuer une révision complète et crédible des listes électorales. Les jeunes et de nombreux citoyens non encore inscrits seraient exclus du processus, malgré les efforts limités de sensibilisation. Le président de la CEI, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, reconnaît lui-même que la dernière révision n’a suscité qu’un faible intérêt, ce qui témoigne d’un processus déjà fragile et peu convaincant.
De plus, l’absence de dialogue constructif avec l’opposition et les organisations de la société civile est alarmante. Les déclarations des représentants du Front Populaire Ivoirien et du PPA-CI dénoncent un calendrier imposé sans concertation, suscitant un climat de méfiance et de tension. Ce type de démarche rappelle les crises post-électorales vécues dans d’autres pays africains, comme la Côte d’Ivoire elle-même en 2010, où des élections précipitées et mal préparées ont conduit à une violence tragique et évitable.
Premièrement, organiser une révision des listes électorales en fin d’année est matériellement impossible : les délais sont trop courts pour garantir l’inscription de tous les citoyens éligibles. Deuxièmement, l’absence de concertation avec l’opposition et la société civile met en doute l’impartialité de la CEI. Troisièmement, l’indifférence manifestée lors des précédentes révisions illustre un désintérêt croissant pour un processus perçu comme manipulé, ce qui fragilise la légitimité des élections. Enfin, précipiter les législatives dans ces conditions crée un risque élevé de contestation et de tensions politiques, au détriment de la stabilité du pays.
Dans d’autres contextes africains, comme au Ghana ou au Kenya, les révisions électorales sont planifiées sur plusieurs mois avec une large participation citoyenne et une concertation avec tous les acteurs politiques. Les résultats sont des élections crédibles et largement acceptées. La Côte d’Ivoire, en revanche, semble s’éloigner de ces bonnes pratiques, exposant le pays à des crises évitables.
La date du 27 décembre apparaît comme une décision précipitée et irresponsable. Les conditions pour des législatives libres et transparentes ne sont pas réunies : révision incomplète des listes électorales, absence de dialogue avec l’opposition, désintérêt citoyen et risques de contestation post-électorale. Il est urgent que la CEI et le gouvernement revoient leur approche afin de restaurer la confiance et de garantir une élection véritablement démocratique. Précipiter les législatives dans ces conditions ne peut conduire qu’à l’échec et à la division.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Camara Sylla.
Mis en ligne : 23/08/2025
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