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L’annonce par Ousmane Sonko de son plan « Jubbanti Koom », visant à rompre avec le FMI et à miser sur une autonomie financière totale pour relancer l’économie sénégalaise, suscite un mélange d’espoirs et d’inquiétudes. À première vue, l’intention de privilégier un financement interne et de restaurer la confiance nationale peut séduire. Mais, en y regardant de plus près, cette stratégie ambitieuse apparaît surtout comme un pari risqué, mal calibré et potentiellement catastrophique pour le Sénégal. Ce plan prometteur sur le papier pourrait se transformer en un fiasco historique.
Depuis des décennies, le Sénégal s’appuie sur les institutions financières internationales pour équilibrer ses budgets et soutenir ses projets de développement. Cette dépendance n’est certes pas idéale, mais elle a permis au pays de stabiliser son économie et de limiter les crises. En se détachant brutalement de cette sécurité, le gouvernement Sonko choisit de naviguer à vue dans un environnement économique mondial déjà instable, avec des réserves nationales insuffisantes pour absorber des chocs imprévus.
D’abord, la mobilisation des ressources domestiques est un objectif louable mais compliqué : le tissu économique sénégalais reste fragile, marqué par un secteur informel dominant et une base fiscale étroite. Réussir à générer suffisamment de financement interne sans affaiblir le pouvoir d’achat des citoyens est une équation difficile, et toute erreur pourrait accentuer la pauvreté et les inégalités. Ensuite, la redistribution directe vers les secteurs productifs, bien qu’ambitieuse, exige une gouvernance exemplaire et transparente. Or, l’histoire récente du pays montre que la bureaucratie et les détournements freinent souvent la mise en œuvre des réformes.
Le Zimbabwe, sous Mugabe, avait tenté l’autonomie financière en délaissant les bailleurs internationaux, avec pour résultat une hyperinflation dévastatrice et l’effondrement des services publics. Même les modèles plus prudents, comme le Rwanda post-1994, ont maintenu des partenariats avec des institutions extérieures pour garantir une stabilité minimale. L’expérience sénégalaise pourrait suivre un chemin similaire à ces échecs si les ambitions dépassent les capacités réelles du pays.
Les cinq années à venir risquent d’être marquées par un dialogue constant sur la survie du plan plutôt que sur les progrès concrets. À l’image du passage de Sonko à la mairie de Ziguinchor, où beaucoup de promesses sont restées lettre morte, « Jubbanti Koom » pourrait se résumer à de grandes annonces, des montées et descentes d’avions de commandement, des jets privés, mais très peu de réalisations tangibles pour la population.
Si l’ambition de Sonko est louable sur le papier, elle s’inscrit dans une logique irréaliste qui pourrait coûter cher au Sénégal. L’histoire retiendra davantage les effets spectaculaires et coûteux de ce plan que les succès économiques qu’il prétend générer. L’autonomie financière, sans filet de sécurité, est un luxe que le pays ne peut pas se permettre aujourd’hui. Le gâchis est déjà prévisible : cinq années de palabres et de gesticulations aériennes, et peu de bénéfices réels pour les citoyens. Le Sénégal mérite mieux que des promesses creuses et des illusions de souveraineté budgétaire.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Zale Ndiaye.
Mis en ligne : 24/08/2025
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