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Le comité d’organisation du Grand Magal de Touba a récemment exprimé sa désapprobation face à ce qu’il considère comme une médiatisation excessive de certains comportements et aspects folkloriques lors de l’édition 2025. Cheikh Abdou Lahad Mbacké Gaïndé Fatma, président de la commission culture et communication, a annoncé que les médias qui ne respecteraient pas les règles imposées se verraient retirer leur accréditation.
Le message est clair : le Magal doit rester un moment de recueillement, de spiritualité et de célébration de l’héritage de Cheikh Ahmadou Bamba.
À première vue, cette décision peut sembler logique. Le Magal est avant tout une commémoration religieuse majeure, rassemblant des millions de fidèles autour des valeurs de foi et de discipline spirituelle. L’intention de protéger le caractère sacré de l’événement est compréhensible. Cependant, cette volonté de contrôle strict pose un problème fondamental : la popularité même du Magal rend illusoire l’idée d’un retour à une pratique « pure », débarrassée de toute médiatisation ou de toute diversité de comportements.
Le Magal de Touba attire aujourd’hui non seulement des fidèles, mais aussi des curieux, des touristes et des personnalités médiatiques. Il est devenu un événement hétérogène, où se mêlent spiritualité, culture, et influences contemporaines. Tenter d’exclure certains participants ou comportements sous prétexte qu’ils sont perçus comme inappropriés est non seulement irréaliste, mais risque aussi de créer une fracture entre les organisateurs et le public. La célébration religieuse, par sa nature, ne peut être figée dans un modèle strict et uniforme. La richesse d’un événement de cette ampleur réside précisément dans sa capacité à accueillir des pratiques variées, à refléter la diversité des croyances et des expériences des participants.
La sacralité du Magal ne se construit pas uniquement par le contrôle des comportements ou la censure des médias. Elle se nourrit également de l’énergie collective, de la ferveur des pèlerins et de la multiplicité des expressions de foi et de culture. Chercher à imposer une uniformité totale revient à ignorer la réalité contemporaine de cet événement. La spiritualité n’est pas un espace où l’on peut appliquer des règles strictes de conformité ; elle se manifeste dans la diversité des pratiques et dans la capacité des individus à vivre leur foi de manière personnelle et collective.
Par ailleurs, l’exclusion de certains médias ou contenus risque de générer davantage de curiosité et d’attention sur les « interdits » que sur le message religieux lui-même. L’histoire montre que plus on cherche à contrôler la perception d’un événement populaire, plus il devient difficile de maintenir ce contrôle. Les images, vidéos et récits circulent rapidement sur les réseaux sociaux, et tenter de les restreindre est un combat perdu d’avance.
Il est donc impératif d’adopter une approche plus ouverte et inclusive. Protéger le caractère sacré du Magal passe moins par la censure que par l’éducation, la sensibilisation et la valorisation des aspects spirituels et culturels qui font la force de cet événement. La popularité du Grand Magal est un atout, non un obstacle : c’est dans sa capacité à intégrer et célébrer la diversité des pratiques que réside sa véritable grandeur.
Le Magal de Touba ne pourra jamais redevenir un événement « pur » au sens strict. Sa force réside dans la pluralité de ses participants et la richesse de leurs expressions. Il faut reconnaître que le contrôle absolu est illusoire et que la sacralité se construit autant dans la diversité que dans la tradition. Toute tentative de répression stricte risque de dénaturer ce qui fait, depuis toujours, la grandeur de cette célébration religieuse.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Demba Seck.
Mis en ligne : 22/08/2025
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