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Les événements récents à Bamako dessinent une trajectoire inquiétante pour le Mali. Les tensions au sein de la junte, les rivalités au sommet de l’armée et les purges à peine voilées dans la Garde nationale montrent que le pays s’enfonce dans une logique de pouvoir personnel, plutôt que dans une transition vers la stabilité. Le Général Assimi Goïta, loin d’apparaître comme un garant de la nation, semble plutôt pris dans une obsession de contrôle et d’élimination de toute opposition.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2020, Assimi Goïta a systématiquement repoussé les échéances électorales, dissous les partis politiques, et fait adopter en juillet 2025 un mandat présidentiel de cinq ans, renouvelable indéfiniment et sans élection. La promesse d’un retour des civils au pouvoir en 2024 n’était qu’un leurre : le Mali est désormais un régime militaire où la répression des dissidents, la traque des officiers suspects de déloyauté, et la concentration des pouvoirs entre les mains d’un cercle restreint de fidèles sont devenues la norme.
Goïta gouverne dans la peur permanente d’un nouveau putsch. Les arrestations massives d’officiers de la Garde Nationale, corps autonome et potentiellement rival, en août 2025, illustrent cette paranoïa.Le souvenir de l’opération « Sanya », qui avait délogé le capitaine Sanogo en 2012, hante le palais de Koulouba. Plutôt que de s’attaquer aux racines de l’instabilité, Goïta préfère museler toute opposition, y compris au sein de l’armée, et s’entoure d’une garde rapprochée de loyalistes, reproduisant ainsi les erreurs des dictateurs militaires passés, comme Moussa Traoré.
Sur le plan diplomatique, le bilan est tout aussi désastreux. Le Mali, isolé après son retrait de la CEDEAO et son rapprochement avec la Russie, peine à trouver des alliés fiables. Les attaques djihadistes se multiplient, l’économie s’essouffle, et la population, privée de libertés fondamentales, voit son quotidien se dégrader.
Malgré les discours sur la « souveraineté retrouvée », les groupes armés progressent. Les attaques simultanées contre des postes militaires en juillet 2025 montrent l’incapacité de l’armée malienne, minée par les divisions internes, à protéger le territoire. La croissance, tirée par l’or et le lithium, ne profite pas à la population. Les pénuries d’électricité et la hausse des prix alimentaires plongent des millions de Maliens dans la précarité.
Le Mali est devenu un pion dans le jeu géopolitique entre la France, la Russie et l’Algérie. Goïta, en rompant avec Paris et en s’appuyant sur Moscou, a échangé une dépendance contre une autre, sans gagner en stabilité. La dissolution des partis politiques, l’interdiction des activités politiques, et la répression des journalistes et des opposants ont réduit l’espace démocratique à néant. Le Mali est désormais classé parmi les pays les plus répressifs d’Afrique.
Comme Traoré, Goïta est arrivé au pouvoir par un coup d’État, promettant de « sauver » le Mali. Comme Traoré, il a instauré un régime de terreur, éliminant ses rivaux et s’accrochant au pouvoir bien au-delà des délais promis. Traoré avait fini par être renversé après 23 ans de règne autoritaire. Goïta, lui, semble déterminé à éviter ce sort en écrasant toute velléité de contestation, mais l’Histoire montre que les régimes fondés sur la force finissent toujours par s’effondrer.
Assimi Goïta incarne l’échec d’une Transition devenue permanente, le triomphe de la force brute sur la raison d’État, et le sacrifice du Mali sur l’autel de l’ambition personnelle. Son règne, marqué par la répression, l’incompétence et l’isolement, rappelle les heures les plus sombres de l’histoire du pays. Si rien ne change, le Mali risque de sombrer dans un chaos durable, où les baïonnettes auront raison de tout, y compris de l’espoir.
La question n’est plus de savoir si Goïta est un dictateur, mais combien de temps le peuple malien acceptera de payer le prix de son appétit de pouvoir.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Ousmane Traoré.
Mis en ligne : 25/08/2025
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