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L’article publié ce lundi 18 août 2025 par Les Échos révèle une crise profonde au sein de Taxawu Sénégal, à l’occasion de la succession de Barthélémy Dias à la mairie de Dakar. Deux candidats s’affrontent pour le fauteuil municipal : Ngoné Mbengue, maire intérimaire, et Babacar Mbengue, maire de Hann-Bel Air. Pendant ce temps, Khalifa Sall, de retour de voyage, doit arbitrer un conflit qui menace de disloquer son mouvement. Pourtant, derrière les apparences d’un débat démocratique se cache une réalité bien plus sombre : Taxawu Sénégal, jadis porteur d’espoir pour une opposition unie, n’est plus qu’une coquille vide, rongée par les ambitions personnelles, les rivalités internes et l’absence de leadership clair.
Taxawu Sénégal a longtemps incarné l’espoir d’une opposition structurée, portée par des figures comme Khalifa Sall et Barthélémy Dias. Pourtant, depuis plusieurs mois, les signes de faiblesse s’accumulent. Le départ de Dias, qui a quitté le mouvement pour fonder « Sénégal Bi Gnou Bokk » en emportant avec lui au moins cinq conseillers municipaux, a marqué un tournant. Les élections législatives de novembre 2024 ont révélé les fragilités du parti, avec des résultats décevants et des critiques internes sur son fonctionnement trop centralisé et peu inclusif. Aujourd’hui, la succession de Dias à la mairie de Dakar cristallise toutes les tensions : deux clans s’opposent, chacun défendant son champion, tandis que Khalifa Sall, censé incarner l’unité, reste étrangement silencieux.
Au sein de Taxawu, deux groupes se font face. Les partisans de Ngoné Mbengue invoquent la « jurisprudence Soham Wardini » (maire intérimaire devenue titulaire en 2018) pour justifier sa candidature. Les autres, soutenant Babacar Mbengue, estiment qu’elle n’a « pas les épaules » pour diriger Dakar. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne semble en mesure de fédérer. Babacar Mbengue, présenté comme un « grand intellectuel », peine à convaincre : son bilan à Hann-Bel Air est mitigé, marqué par des réalisations limitées (comme la Maison des pêcheurs ou un daara moderne) et des critiques sur la gestion urbaine (occupations anarchiques, insécurité, dégradation des quartiers). Quant à Ngoné Mbengue, son intérim n’a pas suffi à imposer son leadership, et son positionnement politique reste flou.
Khalifa Sall, de retour d’un déplacement, est censé trancher. Pourtant, son silence et son absence pendant les tractations laissent penser qu’il préfère laisser ses troupes s’entredéchirer avant d’imposer son choix. Certains membres de Taxawu espèrent qu’il « fera le bon choix », mais comment croire en un leader qui laisse son mouvement se diviser ainsi ? Son rôle actuel semble plus celui d’un observateur que d’un rassembleur.
Taxawu se voulait une alternative au clientélisme et aux divisions de la classe politique sénégalaise. Pourtant, aujourd’hui, il en reproduit les pires travers : luttes de pouvoir, mépris pour la base, et absence de projet commun. Comme le résume un membre du parti : « Le principal problème de Taxawu Sénégal est son absence de structuration. À l’exception de Khalifa Sall et Barthélémy Dias, qui décident de tout dans un cercle fermé, les autres militants ne sont pas considérés comme des partenaires à part entière ».
Taxawu Sénégal a bâti sa réputation sur la promesse d’une gouvernance transparente et participative. Or, les divisions actuelles montrent qu’il n’est pas différent des autres partis : les décisions se prennent dans l’opacité, les militants sont ignorés, et les ambitions personnelles priment sur l’intérêt général.
Comment convaincre les Dakarois que Taxawu peut gérer leur ville, alors qu’il est incapable de gérer ses propres tensions ? Pendant que les élites de Taxawu se disputent, la capitale accumule les retards : gestion des déchets, inondations, transports… Les Dakarois ont besoin de solutions, pas de querelles de personnes. Pourtant, aucun des candidats ne propose de vision claire pour la ville. Le charisme ne paie pas les factures, et les réalisations concrètes manquent cruellement.
En se divisant, Taxawu offre une opportunité en or à Pastef, qui cherche à renverser la table et imposer son champion. Si le mouvement de Khalifa Sall ne parvient pas à se ressaisir, il risque de perdre non seulement la mairie, mais aussi sa place dans le paysage politique national.
Cette crise rappelle celle du Parti socialiste français dans les années 2010, où les divisions internes et les luttes de leadership ont conduit à un effondrement électoral. Comme Taxawu, le PS avait perdu sa base et sa crédibilité en s’enfermant dans des querelles de personnes. Résultat : il a été balayé par de nouveaux mouvements, plus dynamiques et plus proches des citoyens.
Taxawu Sénégal est aujourd’hui face à un choix : se réinventer ou disparaître. Les divisions internes, l’absence de leadership clair et le manque de réalisations concrètes minent sa crédibilité. Khalifa Sall, Ngoné Mbengue et Babacar Mbengue doivent comprendre une chose : les Dakarois n’attendent pas un sauveur, mais une équipe capable de travailler ensemble pour la ville.
« Un mouvement qui se veut alternatif reproduit les mêmes travers que ceux qu’il critique : clientélisme, divisions et mépris pour la base. » Si Taxawu ne tire pas les leçons de cette crise, il risque de devenir un simple souvenir de l’histoire politique sénégalaise.
La balle est dans le camp de Khalifa Sall. Saura-t-il redresser la barre, ou préférera-t-il laisser son mouvement sombrer ? Une chose est sûre : les Dakarois, eux, n’ont pas de temps à perdre.
Article opinion écrit par le créateur de contenu : Salif Diouf.
Mis en ligne : 25/08/2025
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